Préoccupations environnementales au Gabon
Exploitation forestière et durabilité
Au Gabon, l’exploitation forestière joue un rôle crucial dans l’économie. Pourtant, elle engendre de sérieuses préoccupations environnementales. En 2023, la production de bois a connu une chute significative de 11,8 %, passant de 4,34 millions de m³ en 2022 à seulement 3,83 millions de m³, d’après le ministère des Eaux et Forêts. Cette baisse résulte d’une stricte réglementation visant à protéger les forêts tropicales. Si ces mesures sont nécessaires, elles complexifient le paysage pour les entreprises du secteur, qui doivent maintenant naviguer dans un marché international de plus en plus exigeant en matière de traçabilité du bois.
Un fonctionnaire du ministère a précisé que la pression pour garantir la transparence sur l’origine du bois complique la tâche des entreprises. Elles doivent investir dans des infrastructures modernes pour répondre à ces exigences. Pour nombre d’entre elles, surtout les petites et moyennes, cela représente un défi financier non négligeable. Un industriel a mentionné que pour évoluer vers une industrie de transformation du bois, des investissements substantiels sont nécessaires, souvent inaccessibles.
Par ailleurs, les obstacles logistiques, comme des infrastructures routières dégradées et la hausse des coûts de transport, aggravent la raréfaction du bois. Ces défis rendent la gestion durable de ces ressources encore plus ardue, mettant en évidence l’importance d’une approche intégrée qui concilie protection de l’environnement et viabilité économique.
Impact de l’acquisition de Perenco sur l’environnement
La prise de contrôle récente par Perenco de 35 % des parts de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dans Rougier International Afrique a suscité des inquiétudes. Cette acquisition ouvre la voie à Perenco sur près de 895 000 hectares de forêts, ce qui pose la question de sa capacité à gérer ces ressources de manière durable. Déjà pointée du doigt pour ses activités pétrolières, Perenco se doit de prouver son équilibre entre rentabilité et responsabilité écologique.
Les autorités et la société civile gardent un œil attentif sur les pratiques environnementales de l’entreprise. Alors que la pression pour adopter des méthodes durables se renforce, Perenco doit afficher son engagement envers la préservation des forêts gabonaises. Il en va de la nécessité d’une réglementation rigoureuse et d’une surveillance efficace pour garantir une exploitation responsable des ressources naturelles du Gabon.
Les enjeux de durabilité sont vitaux dans le contexte actuel. La déforestation et la dégradation des écosystèmes menacent non seulement l’environnement mais aussi les communautés qui dépendent de ces ressources. La gestion forestière est ainsi à considérer comme une question de justice sociale et environnementale.
Protection de l’iboga et droits des communautés traditionnelles
Une autre préoccupation environnementale majeure au Gabon est l’exploitation de l’iboga, plante sacrée pour les communautés Bwiti. Face à des difficultés d’approvisionnement, l’industrie pharmaceutique se tourne vers des alternatives comme la Voacanga Africana et l’ibogaïne synthétique. Ce changement pourrait priver le Gabon des bénéfices économiques liés à son propre héritage culturel.
Yann Guignon, fondateur de l’ONG Blessings Of The Forest (BOTF), milite pour la reconnaissance des droits gabonais sur l’iboga. Ses efforts ont conduit à l’adoption d’un arrêté interdisant l’exportation d’iboga en dehors du Protocole de Nagoya, instauré en 2019. Malgré cela, le braconnage et la bureaucratie freinent la protection de cette ressource. La potentialité de légaliser l’ibogaïne aux États-Unis exacerbe ces enjeux, soulevant des interrogations sur la sauvegarde des droits du Gabon sur son patrimoine culturel et naturel.
Cette situation souligne l’urgence d’une coopération internationale afin de protéger les droits des communautés traditionnelles. Il est crucial que les bénéfices des ressources naturelles reviennent à ceux qui en sont les véritables gardiens. La préservation des savoirs traditionnels et des pratiques culturelles doit être intégrée dans les discussions sur la gestion des ressources naturelles au Gabon.
Les préoccupations environnementales entourant l’exploitation des ressources naturelles au Gabon sont variées et complexes. Comment le pays peut-il concilier développement économique et protection de son patrimoine naturel ? Quelles mesures doivent être adoptées pour assurer une exploitation durable et équitable de ces ressources ? Ces questions méritent une réflexion approfondie et un débat engagé.
