Un soft power mobilisé en temps de crise
Depuis le début de l’agression rwandaise dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’armée congolaise (FARDC) s’efforce de défendre l’intégrité territoriale du pays face aux incursions du M23, soutenu par Kigali. Si le conflit a une dimension militaire et diplomatique, il revêt aussi un aspect psychologique et culturel. C’est dans ce cadre que plusieurs artistes musiciens congolais ont récemment intensifié leur soutien aux forces armées, galvanisant ainsi une population longtemps éprouvée par les violences répétées.
Des figures emblématiques de la musique congolaise, à l’instar de Koffi Olomidé, Fally Ipupa ou encore Werrason, ont pris position en faveur de l’unité nationale et du combat des FARDC. En multipliant les déclarations publiques, les chansons engagées et les concerts en hommage aux soldats, ces artistes participent à un effort de mobilisation nationale qui dépasse le cadre du simple divertissement.
Un message patriotique fort : entre mobilisation et dénonciation

L’engagement des musiciens congolais ne se limite pas à un soutien symbolique. À travers leurs paroles et leurs prises de position, ils dénoncent explicitement l’implication du Rwanda dans le conflit à l’Est et appellent la communauté internationale à agir contre cette agression.
Certains, comme Ferre Gola, ont même intégré des messages de résistance dans leurs œuvres, exhortant les jeunes à défendre leur pays, tandis que d’autres, comme JB Mpiana, ont publiquement appelé les dirigeants congolais à adopter une posture plus ferme face à Kigali. Cette union entre culture et politique rappelle le rôle historique de la musique dans les luttes africaines pour l’indépendance et la souveraineté.
La menace Nangaa : un défi supplémentaire pour l’unité nationale

Parallèlement à l’agression rwandaise, l’entrée en scène de Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), suscite des inquiétudes. Son rapprochement avec les rebelles du M23 et sa volonté affichée de proposer une alternative politique en RDC le placent dans une position ambivalente, perçue par beaucoup comme une trahison nationale.
Face à ce risque de fragmentation politique, le soutien des musiciens congolais aux FARDC prend une autre dimension. En mettant en avant l’unité nationale et en dénonçant toute forme de collusion avec l’ennemi, ils tentent d’éviter une crise interne qui profiterait aux adversaires du pays.
Un impact réel sur l’opinion publique ?

Si certains observateurs voient dans cet engagement une simple posture médiatique, l’impact réel de cette mobilisation culturelle est indéniable. La musique étant un vecteur d’influence majeur en RDC, ces prises de position ont renforcé le sentiment patriotique au sein de la population et contribué à restaurer la confiance envers les forces armées.
Toutefois, le défi reste de transformer cet élan en un mouvement durable et structuré. La lutte contre l’agression rwandaise et les velléités sécessionnistes de certains acteurs politiques nécessite une approche globale, mêlant réponse militaire, diplomatie efficace et consolidation nationale. Dans ce contexte, l’implication des artistes congolais pourrait jouer un rôle clé dans la construction d’une conscience collective tournée vers la défense de l’intégrité territoriale du pays.
L’histoire retiendra peut-être que, dans ce combat pour la souveraineté, les voix des musiciens auront résonné aussi fort que les armes sur le terrain.