Libre propos
Parmi les pages les plus sombres de l’histoire politique africaine, celles du Congo-Brazzaville résonnent comme un cri de désillusion. Trois noms s’inscrivent en lettres indélébiles dans cette fresque tragique : feu Pascal Lissouba, feu Bernard Kolélas et Denis Sassou Nguesso. Trois hommes dont les ambitions personnelles et rivalités destructrices ont plongé un pays plein de promesses dans le chaos, au détriment de la démocratie.
Les responsabilités
Pascal Lissouba, élu démocratiquement en 1992, portait les espoirs d’un peuple épris de liberté. Mais ce scientifique de renom s’est vite transformé en un chef d’État autocratique, incapable de rassembler une nation divisée. Ses choix maladroits et sa gouvernance controversée ont laissé place à un terreau fertile pour le désordre et les luttes fratricides. Quant à Bernard Kolélas, figure charismatique mais polarisante, il a joué un rôle ambigu, oscillant entre la défense des Bakongo et des alliances opportunistes qui ont fracturé davantage le tissu social.

Et puis il y a Denis Sassou Nguesso, le maître des horloges congolaises, revenu au pouvoir par la force en 1997, mettant fin à une guerre civile qu’il avait contribué à enflammer. Son règne sans partage, marqué par un accaparement systématique des ressources, des libertés muselées et une réforme constitutionnelle taillée sur mesure, s’est mué en une monarchie de fait. Depuis lors, le Congo est devenu le théâtre d’une présidence à vie déguisée, tandis que le peuple est réduit à être spectateur d’un pays en quête perpétuelle de stabilité.

Ces trois hommes symbolisent à eux seuls la tragédie congolaise. Ils ont confondu leadership et égoïsme, pouvoir et propriété privée. La démocratie, ce fragile édifice qui nécessitait d’être construit sur des bases solides de justice et d’inclusion, a été sacrifiée sur l’autel des querelles d’ego et des intérêts tribaux.
Aujourd’hui, les Congolais n’oublient pas. Ils subissent les conséquences d’un héritage politique marqué par des promesses non tenues et une démocratie avortée. Mais, comme l’histoire l’a souvent montré, aucun régime n’est éternel. Et dans le silence de Brazzaville et de Pointe-Noire, il subsiste une flamme : celle d’une population déterminée à reconquérir son destin. Si la démocratie a trébuché, elle ne saurait être enterrée. Pas au Congo. Pas en Afrique. Pas tant qu’un souffle d’espoir persiste.

Conclusion
Il reste à espérer qu’un jour, le Congo saura écrire une nouvelle page, débarrassée des chaînes de l’égoïsme et de l’injustice. Une page où le peuple aura enfin le dernier mot. https://www.jeuneafrique.com/1471317/politique/sassou-nguesso-lissouba-kolelas-au-congo-la-politique-de-pere-en-fils/