Le Rwanda, sous la férule de Paul Kagamé, est souvent salué comme un modèle de résilience et de développement en Afrique. Pourtant, derrière cette image reluisante se cache une ombre persistante, celle des accusations de pillage des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo (RDC). À travers le bras armé du M23, le Rwanda semble jouer un jeu périlleux : exploiter les richesses de son voisin tout en bâtissant sa prospérité sur des bases contestées.
Ce que le Rwanda tire de cette situation est à la fois économique et stratégique. Les minerais précieux de l’Est congolais, notamment l’or, le coltan et le cobalt, alimentent les chaînes de valeur mondiales. Ils représentent une manne financière que Kigali utilise pour soutenir sa croissance et maintenir son influence régionale. Pourtant, cet enrichissement se fait au détriment des populations congolaises, plongées dans une insécurité chronique alimentée par des conflits interminables.

Mais au-delà de l’aspect matériel, Kagamé tire une aura de puissance stratégique. Par le biais du M23, il maintient une pression constante sur la RDC, empêchant Kinshasa de stabiliser ses provinces orientales. Cette instabilité affaiblit son voisin et garantit au Rwanda une marge de manœuvre géopolitique importante. Cela lui permet également de détourner l’attention internationale de ses propres problématiques internes, notamment les atteintes aux droits humains et la concentration du pouvoir.
Cependant, ce jeu d’influence est un couteau à double tranchant. Le Rwanda risque d’écorner son image sur la scène internationale, où des voix s’élèvent pour dénoncer ces pratiques. Le soutien supposé au M23 expose Kigali à des sanctions et à une pression diplomatique croissante. Pire encore, cette posture alimente un ressentiment durable entre les peuples congolais et rwandais, creusant un fossé difficile à combler à l’avenir.

Il est donc légitime de s’interroger : à quoi bon bâtir une prospérité éphémère si elle repose sur l’injustice et la violence ? Le Rwanda de Paul Kagamé devra un jour répondre de cette réalité. L’histoire est claire : aucun empire bâti sur l’exploitation et la domination ne subsiste indéfiniment. La prospérité durable, celle qui honore les peuples, passe par la coopération et le respect des frontières, non par le pillage et la guerre.
Kagamé, en stratège qu’il est, devrait méditer cette leçon avant que son rêve rwandais ne se transforme en cauchemar collectif. Quant à la RDC, il est temps qu’elle retrouve la force de défendre sa souveraineté et d’écrire un futur où ses ressources serviront enfin à ses propres enfants.