Un mystère vieux de 24 ans
Le 16 janvier 2001, une balle changeait le cours de l’histoire en République Démocratique du Congo. Vingt-quatre ans après, l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila reste une énigme. Les zones d’ombre qui entourent cet événement continuent d’alimenter les spéculations, les théories et les soupçons. Retour sur un mystère qui hante encore le Congo.
Un coup fatal en plein cœur du pouvoir

Ce jour-là, Laurent-Désiré Kabila, le « Mzee », était abattu dans son bureau au Palais de Marbre, résidence présidentielle à Kinshasa. Selon les récits officiels, l’auteur présumé serait Rachidi Kasereka, un jeune garde du corps. Abattu peu après l’incident, il n’a jamais pu être interrogé. Mais ce récit soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
La rapidité avec laquelle le régime a désigné un coupable et l’exécution d’une trentaine de suspects après un procès controversé ont renforcé les doutes. Les critiques évoquent une mise en scène visant à masquer un complot plus complexe impliquant des acteurs internes et externes.
Des théories multiples

Depuis 24 ans, plusieurs hypothèses circulent :La piste interne : Certains pensent que Kabila aurait été victime de rivalités au sein de son entourage. Après avoir pris le pouvoir en 1997, il s’était rapidement attiré des inimitiés, notamment au sein de son cercle proche et parmi ses anciens alliés de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL). Des désaccords autour de la gestion du pouvoir auraient conduit à son élimination.
L’implication étrangère : L’ombre des puissances étrangères plane sur cet assassinat. Kabila, opposé à toute forme de néocolonialisme, s’était aliéné des puissances occidentales et des multinationales, particulièrement dans le secteur minier. Des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda, avec lesquels Kabila entretenait des relations tumultueuses, sont également soupçonnés.
Une conspiration internationale : Certains observateurs accusent un « pacte secret » entre acteurs internationaux et forces locales pour éliminer un homme devenu gênant pour les intérêts économiques mondiaux en RDC.
Un héritage contesté

Joseph Kabila, fils du défunt, a succédé à son père dans un contexte de confusion et de désorganisation. Pendant 18 ans à la tête du pays, il a évité d’éclairer les zones d’ombre entourant l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, laissant entendre que le mystère pouvait être trop dangereux à déterrer.
En 2011, l’ex-espion belge Ludo De Witte publiait un ouvrage dénonçant l’implication présumée de mercenaires étrangers dans l’assassinat du « Mzee ». D’autres enquêtes journalistiques ont pointé du doigt des officiels congolais ayant tiré profit de sa disparition. Pourtant, aucune de ces pistes n’a été officiellement reconnue par les autorités.
La quête de vérité, un combat toujours vivant
Pour de nombreux Congolais, Laurent-Désiré Kabila reste une figure ambiguë. Salué comme un libérateur en 1997, il est aussi critiqué pour son autoritarisme et son incapacité à stabiliser un pays en crise. Mais son assassinat, inexpliqué, est perçu comme une trahison envers le peuple congolais.
En 2025, à l’approche du quart de siècle de cet événement, des voix s’élèvent pour demander une enquête internationale indépendante. Pourtant, les complexités géopolitiques et la peur de révéler des responsabilités trop lourdes pour certains acteurs clés freinent encore toute initiative.
Un mystère inscrit dans l’HistoireLaurent-Désiré Kabila, homme de guerre, homme d’État et figure controversée, a laissé une empreinte indélébile sur la RDC. Si son assassinat reste sans réponse claire, il reflète les luttes de pouvoir et les ingérences étrangères qui continuent de marquer l’histoire du Congo.
Un quart de siècle plus tard, la quête de vérité est aussi une quête de justice pour un pays qui, encore aujourd’hui, aspire à la paix et à la stabilité. Mais la grande question demeure : qui a assassiné Laurent-Désiré Kabila, et pourquoi ? https://www.jeuneafrique.com/1105708/societe/assassinat-de-laurent-desire-kabila-les-verites-de-nono-lutula-ancien-conseiller-securite-du-mzee/