Le Gabon : Un Levant Économique et Diplomatique par sa Richesse Forestière

Un Écosystème Exceptionnel au Service de l’Économie
Le Gabon, souvent considéré comme le poumon vert de l’Afrique centrale, abrite une biodiversité impressionnante, avec 90 % de son territoire en forêt. Ce patrimoine naturel, qui séquestre près de 2 milliards de tonnes de CO₂ chaque année, constitue un atout écologique, mais aussi un potentiel économique considérable. D’après une étude de la Banque mondiale, la valeur économique des forêts gabonaises a presque doublé, s’élevant à 1 572 milliards de dollars en 2020. Ce capital offre au pays une occasion unique de s’affirmer comme un acteur essentiel dans les négociations internationales sur le climat et la biodiversité.
Pour exploiter cette richesse, le Gabon doit élaborer une stratégie nationale valorisant son capital naturel. Cela comprend des initiatives telles que la transformation locale du bois et le développement du tourisme durable. En intégrant ces secteurs dans son économie, le Gabon pourrait non seulement générer des emplois, mais aussi attirer des investissements étrangers, notamment dans la recherche scientifique et les technologies vertes.
Les ministres gabonais, Mays Mouissi et Maurice Ntossui Allogo, insistent sur la nécessité de mobiliser des financements internationaux pour soutenir ces projets. En créant des mécanismes de compensation financière, le Gabon pourrait tirer parti des marchés du carbone, permettant ainsi aux pays émetteurs de CO₂ de financer des projets de conservation sur son territoire. Cette démarche renforcerait également sa position dans les discussions internationales sur le changement climatique.

Un Modèle de Diplomatie Environnementale
Le Gabon a la possibilité de se distinguer sur la scène internationale avec son modèle de préservation des forêts. En participant à des événements globaux tels que l’Exposition universelle d’Osaka en 2025, le pays peut mettre en lumière son engagement envers le développement durable et ses efforts de conservation. Sous le thème « Notre forêt, moteur universel qui sauve des vies », le Gabon présentera l’importance de ses forêts dans la régulation climatique tout en valorisant ses produits ligneux à travers le concept « Made in Gabon ».
Cette visibilité est cruciale pour établir des partenariats stratégiques avec des institutions scientifiques et des entreprises engagées dans la transition écologique. En renforçant ses alliances, le Gabon peut bénéficier de financements et partager son expertise en gestion durable. Le Pr Alfred Ngomanda, commissaire général du Cenarest, souligne que les données collectées lors d’ateliers scientifiques, comme l’initiative One Forest Vision, peuvent orienter les décisions politiques pour préserver la biodiversité tout en répondant aux besoins économiques locaux.
En intégrant ces éléments dans sa diplomatie environnementale, le Gabon peut se positionner en leader dans la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité, tout en renforçant son influence sur la scène internationale.

Les Défis à Surmonter pour Maximiser le Potentiel
Malgré ces opportunités, le Gabon doit surmonter des défis cruciaux pour tirer parti de sa richesse forestière et en faire un levier économique et diplomatique. L’un des principaux obstacles est la reconnaissance internationale de cette richesse, qui doit être considérée comme une réserve écologique et un atout économique. Le pays doit donc améliorer sa communication et forger des alliances stratégiques pour promouvoir son modèle de développement durable.
De plus, l’absence de mécanismes comptables pour évaluer la séquestration du carbone dans l’économie verte limite la valorisation financière du Gabon en tant que puits de carbone. Les autorités gabonaises insistent sur la nécessité d’institutionnaliser la comptabilité des écosystèmes, en intégrant cette approche aux systèmes fluviaux, côtiers et marins. Cela permettrait de mieux comprendre la valeur des services écosystémiques et de monétiser le carbone, renforçant ainsi la position du Gabon sur les marchés internationaux.
En somme, pour maximiser son potentiel, le Gabon doit investir dans la formation et le développement des compétences locales. En formant une nouvelle génération de chercheurs et d’experts en gestion durable, le pays pourra exploiter ses ressources tout en préservant sa biodiversité. Cela représente un enjeu crucial pour l’avenir économique et environnemental du Gabon.
Le Gabon dispose des outils nécessaires pour faire de sa richesse forestière un levier économique et diplomatique. Cependant, une mise en œuvre cohérente et intégrée est essentielle pour surmonter les obstacles. Comment le Gabon peut-il renforcer sa communication internationale pour mettre en valeur son modèle de développement durable ? Quels partenariats stratégiques pourraient être établis pour maximiser les retombées de sa biodiversité ? Ces questions méritent d’être approfondies pour envisager un avenir prospère et durable pour le pays.