Pénurie d’eau et d’électricité à Kisangani : une crise humanitaire

Une situation alarmante pour les Boyomais
Depuis le 10 février 2025, Kisangani, située au cœur de la République Démocratique du Congo, traverse une crise sans précédent due à une grave pénurie d’eau et d’électricité. À l’origine de ce problème, une panne à la centrale hydroélectrique de la Tshopo a engendré des délestages sévères. Les Boyomais, habitants de la ville, luttent quotidiennement pour accéder à ces ressources essentielles, compromettant ainsi leur santé et leur sécurité.
Les coupures d’électricité ont des effets catastrophiques sur l’approvisionnement en eau, géré par la Régie de distribution d’eau (REGIDESO). Sans électricité, les pompes ne fonctionnent pas, rendant l’accès à l’eau potable presque impossible. Les habitants sont contraints de se rendre au fleuve Congo ou à la rivière Tshopo pour leurs besoins en eau, une situation particulièrement dangereuse pour les plus vulnérables, comme les enfants.
Un événement tragique a récemment marqué la communauté : la noyade d’un jeune homme de 14 ans, Dieu-Merci, qui a perdu la vie en cherchant à ramener de l’eau. Son corps a été retrouvé dans la rivière Tshopo, un incident qui a profondément choqué tous les Boyomais et souligné les risques liés à cette quête désespérée.
Des conséquences sur la santé et la sécurité
Cette pénurie d’eau a des répercussions graves sur la santé des habitants. L’accès à l’eau potable est crucial pour éviter la propagation de maladies comme le choléra et la dysenterie. Faute d’eau potable, de nombreux habitants se tournent vers la rivière, souvent contaminée, augmentant ainsi le risque d’infections et menaçant la vie de milliers de personnes.
La recherche d’eau engendre également des tensions croissantes dans la communauté. Les files d’attente aux points d’eau s’allongent, provoquant bagarres et bousculades. Les femmes, généralement responsables de cette tâche, sont épuisées. Une ménagère a déclaré qu’elle doit partir de chez elle à 4 heures du matin pour revenir à 11 heures, un parcours épuisant qui illustre le calvaire quotidien des Boyomais.
Les enfants se retrouvent particulièrement exposés. Les parents, inquiets pour leur sécurité, craignent les noyades et les disparitions. Cette situation engendre un climat de peur et d’incertitude, affectant non seulement la santé physique, mais également le bien-être psychologique des familles.

Réponses et perspectives d’avenir
Pour faire face à cette crise, le gouvernement provincial a tenté d’agir en fournissant du combustible à la REGIDESO dans l’espoir de relancer l’approvisionnement en eau. Cependant, cette aide reste insuffisante, car seuls quelques quartiers en ont bénéficié. De plus, les prix de l’eau ont flambé, atteignant jusqu’à 1000 FC pour un bidon de 20 litres, rendant l’accès à l’eau potable particulièrement difficile pour les familles à faible revenu.
Une organisation de la société civile a également appelé la REGIDESO à publier un planning de l’approvisionnement en eau afin que les citoyens puissent mieux s’organiser. Bien que des travaux d’entretien de la centrale hydroélectrique soient en cours, le directeur technique de la Snel a assuré que des efforts sont déployés pour minimiser les délais. Cependant, la restauration complète de la centrale n’est pas attendue avant jeudi prochain à 10h, maintenant ainsi les Boyomais dans une incertitude insoutenable.
Cette crise souligne l’urgence d’une gestion efficace des ressources en eau et en électricité dans la région. Les autorités doivent agir rapidement pour assurer ce accès vital, tout en sensibilisant la population aux dangers de l’eau non potable. La situation actuelle soulève des interrogations cruciales sur la résilience des infrastructures et la capacité des gouvernements à répondre aux besoins fondamentaux de leurs citoyens.
Alors que Kisangani traverse cette période éprouvante, il est crucial de réfléchir aux leçons à tirer de cette crise pour prévenir de tels événements à l’avenir. Comment les autorités peuvent-elles mieux préparer la ville pour affronter de telles situations ? Les Boyomais méritent des réponses claires et des actions concrètes pour assurer leur sécurité et leur bien-être.