samedi 12 juillet 2025
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Sorcellerie au Burundi: violence et manipulation politique

Violences et Sorcellerie au Burundi : Un Instrument Politique

Contexte des violences liées à la sorcellerie

Le Burundi, ce pays d’Afrique de l’Est, est le témoin d’une histoire chargée, entre conflits ethniques récurrents et crises politiques. Dans ce contexte lourd de tension, les croyances traditionnelles, particulièrement celles liées à la sorcellerie, prennent une place significative dans les communautés. Le 30 juin 2025, un incident tragique a révélé cette réalité sombre : six personnes accusées de sorcellerie ont été lynchées à Gasarara, près de Bujumbura, par des jeunes armés, soupçonnés d’appartenir à la ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

Ce lynchage, qualifié de « justice populaire inadmissible » par les instances officielles, met en exergue non seulement la violence intrinsèque qui découle de telles accusations, mais aussi la façon dont ces croyances sont instrumentalisées à des fins politiques. Les victimes, dont deux ont été immolées, incarnent la brutalité de ces actes. Quant aux agresseurs, souvent assimilés aux Imbonerakure, ils sont également liés à d’autres formes d’intimidation et de violence politique.

Les violences liées à la sorcellerie ne se présentent pas comme des événements isolés. Elles s’inscrivent dans un panorama plus large de tensions politiques, où de telles accusations deviennent un outil pour discréditer les opposants ou renforcer le contrôle social. Ces croyances sont parfois utilisées pour justifier des actes de violence, engendrant ainsi un climat de peur et d’insécurité au sein de la population.

Instrumentalisation politique des croyances traditionnelles

Les événements tragiques comme ceux de Gasarara posent des questions cruciales sur la manipulation des croyances traditionnelles par les acteurs politiques. Les autorités, y compris le ministre de l’Intérieur et le gouverneur de la province, ont rejeté toute implication partisane dans ces événements, faisant état de l’arrestation de douze suspects. Cependant, cette déclaration laisse place à des doutes quant à la véritable nature des liens entre le pouvoir en place et les groupes impliqués dans ces agissements.

Les Imbonerakure, en tant que branche juvénile du CNDD-FDD, sont souvent perçus comme des instruments de répression, exploitant la peur pour maintenir leur emprise sur la population. En s’appuyant sur des croyances en sorcellerie, ces groupes justifient des actes de violence, se présentant comme des gardiens de la communauté contre des sorciers présumés. Ce phénomène crée un cercle vicieux où la peur engendre la violence, laquelle devient un moyen pour renforcer le pouvoir.

Des experts en sociologie politique, tel le professeur Pierre Nkurunziza, affirment que cette manipulation des croyances traditionnelles s’avère être une stratégie efficace pour éviter d’aborder les véritables enjeux politiques et économiques du pays. En détournant l’attention vers des accusations de sorcellerie, le gouvernement élude les questions pressantes telles que la pauvreté, le chômage et la corruption persistants.

Conséquences sur la société burundaise

Les répercussions des violences liées à la sorcellerie au Burundi sont non seulement multiples, mais également profondément enchevêtrées dans le tissu social. Premièrement, ces actes de violence alimentent les tensions communautaires, générant un climat de méfiance et de peur. Les accusations de sorcellerie peuvent vite mener à des lynchages, comme cela a été le cas à Gasarara, où des vies innocentes sont menacées par des rumeurs infondées.

Deuxièmement, ces violences impactent directement la cohésion sociale. Des communautées déjà fragilisées par des décennies de conflits se retrouvent d’avantage divisées, des groupes s’opposant sur des bases de croyances et de superstitions. Cela complique la capacité des Burundais à s’unir face à des enjeux communs, qu’ils soient économiques ou politiques.

Enfin, à l’échelle internationale, ces événements nuisent à l’image du Burundi, déjà critiqué pour ses violations des droits de l’homme. Les organisations internationales et les ONG surveillent attentivement la situation ; les violences liées à la sorcellerie pourraient entraîner des sanctions supplémentaires ou une pression accrue sur le gouvernement burundais afin qu’il respecte les droits fondamentaux de ses citoyens.

La situation au Burundi soulève des interrogations essentielles sur la manipulation des croyances traditionnelles à des fins politiques. Comment les sociétés peuvent-elles se prémunir contre l’instrumentalisation de la peur et des superstitions ? Quelles initiatives pourraient être mises en place pour favoriser un dialogue constructif et réduire les tensions communautaires ? Ces questions méritent d’être approfondies pour envisager un avenir pacifique et inclusif au Burundi.

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