samedi 12 juillet 2025
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Déguerpissements à Libreville : controverses sociales

Défis et controverses des déguerpissements à Libreville

Contexte de l’opération de déguerpissement

Depuis le 2 juin 2025, Libreville se trouve au cœur d’une vaste opération de déguerpissement. Cette initiative, orchestrée par le ministre de l’Habitat, Ludovic Megne Ndong, prétend réorganiser l’urbanisme de la capitale gabonaise. Un projet ambitieux, destiné à faire place à des infrastructures essentielles, tels un nouveau boulevard et une cité administrative. Pourtant, ce mouvement soulève rapidement des controverses, tant pour sa mise en œuvre que pour ses répercussions sur les résidents.

Sur le terrain, les autorités présentent ces déguerpissements comme une réponse à un besoin urgent de modernisation et à l’occupation anarchique des espaces publics. Le porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, évoque un « lourd héritage de notre passé commun » pour justifier ces actions. Cependant, cette argumentation ne parvient pas à apaiser le mécontentement grandissant des habitants, souvent laissés dans l’incertitude et la détresse.

Les défis liés à l’indemnisation

Au cœur de cette opération, un défi majeur se dessine : l’indemnisation. Le ministre a annoncé des compensations variant de 2 à 70 millions FCFA, basées sur divers critères. Toutefois, dans les quartiers touchés comme Plaine-Orety et Bas de Gué Gué, de nombreux résidents se déplaisent de ne pas avoir reçu ces indemnisations, alimentant des accusations de manque de transparence et d’équité.

Guy Ulrich Odounga, coordonnateur général de l’UCET, informe que 490 familles, recensées, ont été impactées par les démolitions. Cependant, seules celles identifiées en 2017 sont considérées pour une indemnisation. Quelle légitimité peut avoir l’exclusion de familles installées depuis de nombreuses années ? Cette situation crée des attentes déçues et des tensions palpables.

Le ministre soutient la véracité des indemnisations déjà versées, mais les habitants contestent cette affirmation. Ils demandent à voir les listes d’indemnisation ainsi que les critères qui les régissent. Ce flou amplifie la méfiance et creuse le fossé entre les autorités et les populations affectées.

Réactions et critiques de la société civile

Les réactions à cette opération n’ont pas tardé. Au sein de la population, des voix s’élèvent, tout comme chez certains acteurs politiques. Des personnalités influentes, telles Alain-Claude Bilie-By-Nzé et Guilou Bitsutsu-Gielessen, dénoncent la brutalité des expulsions. Ils qualifient cette opération de « déshumanisation », en appelant à un dialogue avec les sinistrés. L’idée de moderniser la ville ne doit pas se faire au détriment des droits fondamentaux des citoyens.

Des critiques portent également sur le timing des démolitions, intervenant lors d’épreuves scolaires cruciales, aggravant la détresse des familles. Des allégations de spéculation foncière émergent. Certaines voix suggèrent que les terrains libérés pourraient devenir des actifs pour des promoteurs privés. En conséquence, des appels à une enquête indépendante et à la création d’un plan d’urgence pour les familles mal-logées se multiplient.

La société civile réclame une révision des critères d’indemnisation, ainsi qu’une communication claire des autorités. Un dialogue transparent s’avère indispensable pour restaurer la confiance entre l’État et les citoyens.

Conclusion et perspectives

En définitive, l’opération de déguerpissement à Libreville révèle des défis complexes : gestion urbaine, indemnisation des populations affectées et respect des droits humains. Les tensions entre la nécessité de développement urbain et les droits civiques questionnent la gouvernance et la justice sociale au Gabon.

Alors que le gouvernement fait entendre la nécessité d’ériger une capitale moderne, il doit impérativement tenir compte des préoccupations des habitants. Des mesures d’accompagnement appropriées sont essentielles. La transparence dans l’indemnisation et un dialogue franc sont cruciaux. Comment le gouvernement pourra-t-il harmoniser ses ambitions avec les droits des Gabonais ? La réponse à cette question conditionnera l’avenir de la relation entre l’État et ses citoyens.

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