La vérité, parfois, ne crie pas. Elle s’impose avec le temps, loin des passions de la place publique. Et dans le tumulte des réactions suscitées par la récente décision de la Cour internationale de justice (CIJ) sur l’affaire de l’île Mbanié, il est temps d’ôter les œillères de l’émotion pour observer, sereinement, ce que cette décision change réellement pour le Gabon. Et ce qu’elle consolide.
Car oui, au-delà des apparences, cette décision est, dans les faits, une victoire stratégique pour notre pays.
Une île, une illusion de souveraineté ?

Mbanié. À peine quelques hectares perdus dans les eaux bleues du Golfe de Guinée. Une terre sèche, aride, sans population ni infrastructure. Depuis des décennies, elle est au cœur d’une dispute passionnée entre le Gabon et la Guinée équatoriale. Non pas pour ce qu’elle est – une île rocheuse sans vie – mais pour ce qu’elle représente : l’accès à des zones maritimes riches en hydrocarbures.Et c’est là que la CIJ, dans sa sagesse, a opéré un véritable recentrage du débat.
Une mer, une richesse, un droit
Loin des symboles creux, la Cour a mis l’accent sur ce qui compte : les eaux territoriales. En reconnaissant que Mbanié se trouve dans la zone maritime contrôlée par le Gabon, elle offre à notre pays ce qui compte réellement : le droit exclusif d’explorer et d’exploiter les ressources naturelles de cette région, sans entrave.
Car le véritable enjeu de cette querelle n’a jamais été cette langue de terre sèche, mais les milliards de barils de pétrole et de mètres cubes de gaz enfouis dans les fonds marins alentours. Grâce à cette décision, le Gabon peut dès maintenant enclencher une nouvelle ère d’exploitation énergétique, en toute légalité et en toute souveraineté.
La diplomatie gabonaise, une victoire silencieuse

Face à une opinion parfois chauffée à blanc par les réseaux sociaux, il faut saluer la patience stratégique de notre diplomatie. Ce n’est pas l’agitation, mais la constance dans la négociation et la confiance dans le droit international qui ont permis d’en arriver là.
La CIJ n’a pas offert une victoire de façade ; elle a offert une sécurité juridique à long terme, un cadre clair pour investir, développer, prospecter. En d’autres termes : elle a offert de la stabilité. Une stabilité qui attire les partenaires, les investisseurs, et qui renforce la position du Gabon comme puissance énergétique montante en Afrique centrale.
Ce que nous devons retenir

Il est compréhensible que certains compatriotes, attachés à l’idée de souveraineté territoriale, puissent regretter de ne pas « posséder » l’île elle-même. Mais ce serait oublier une vérité fondamentale : on ne vit pas de rochers stériles, on vit de ce que la mer cache sous ses vagues.
Et ce que la CIJ vient d’accorder au Gabon, c’est cela. Le droit d’aller puiser ces richesses, de les transformer, et de bâtir l’avenir.
-L’histoire retiendra peut-être que l’île Mbanié fut contestée. Mais l’avenir retiendra surtout que le Gabon, grâce à une décision juste et lucide, a gagné bien plus qu’un morceau de terre : il a gagné un océan de possibilités.