samedi 14 juin 2025
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Gabon et ONU : un vote qui changea le destin libyen

Quatorze ans après l’assassinat de Mouammar Kadhafi, les lignes diplomatiques qui ont contribué à l’effondrement de la Libye refont surface. Et dans cette trame historique, le rôle du Gabon, sous la présidence d’Ali Bongo Ondimba, apparaît de plus en plus gênant. Le vote favorable à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, en mars 2011, marque aujourd’hui une faute politique majeure aux yeux de plusieurs analystes et figures panafricaines.

Une résolution, une signature, un drame

En 2011, le Gabon, alors membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, vote en faveur de la résolution 1973. Cette résolution a ouvert la voie à une intervention militaire de l’OTAN, officiellement pour protéger les civils libyens, mais qui s’est soldée par le lynchage public de Mouammar Kadhafi à Syrte. À l’époque, Ali Bongo déclare sans détour : « Nous avons voté cette résolution parce que nous ne pouvions tolérer que Kadhafi bombarde son propre peuple ».

Mais cette déclaration peine à convaincre. Pour plusieurs observateurs, ce vote a surtout révélé une volonté de s’aligner sur les puissances occidentales, notamment les États-Unis et la France, au détriment de la solidarité africaine et des dynamiques souverainistes.

Mugabe, voix d’une Afrique trahie

L’un des plus virulents critiques de cette position fut le président zimbabwéen Robert Mugabe. Il accusa publiquement le Gabon — avec d’autres pays africains — d’avoir facilité le chaos en Afrique du Nord. Pour lui, Kadhafi était un pilier stratégique, une figure panafricaine dérangeante pour les intérêts occidentaux, et sa chute fut orchestrée avec la complicité honteuse de certains frères africains.

Les effets sont encore palpables aujourd’hui : instabilité chronique au Sahel, prolifération de groupes armés, déstabilisation du Mali, du Niger, et une Libye toujours morcelée. Nombreux sont ceux qui estiment que le vote du Gabon a indirectement participé à cette débâcle régionale.

Le silence des nouvelles autorités

Aujourd’hui, le Gabon n’est plus en transition. Sous un régime désormais stabilisé après le renversement d’Ali Bongo en août 2023, le pays cherche à redéfinir sa place sur l’échiquier africain. Pourtant, aucune déclaration officielle n’est venue revisiter cette page trouble de la diplomatie nationale.

Ce silence peut être interprété comme un choix stratégique, mais il laisse aussi planer une ombre sur les intentions de la nouvelle gouvernance. En évitant de trancher sur ce moment décisif, les autorités actuelles manquent l’occasion de réaffirmer une ligne souverainiste claire et assumée.

Un passé qui interpelle le présent

Le cas libyen met en lumière une réalité encore actuelle : l’Afrique peine à parler d’une seule voix, surtout face aux grands enjeux géopolitiques. Le Gabon, en choisissant d’appuyer une résolution qui a déstabilisé durablement une région entière, a engagé sa responsabilité historique.

Alors que de nouvelles alliances se tissent sur le continent et que les peuples réclament plus de cohérence politique, le devoir de mémoire devient un impératif. Le Gabon doit-il continuer à taire son rôle dans le chaos libyen ? Ou doit-il enfin faire face à ses responsabilités diplomatiques et affirmer une nouvelle vision ? L’histoire attend une réponse.

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