503 milliards de FCFA. Une somme astronomique censée sauver des vies, mobilisée au plus fort de la crise sanitaire. Mais aujourd’hui, à la lumière des premiers éléments de l’enquête en cours, cette manne aurait davantage servi à enrichir une élite politique qu’à protéger la population. Un scandale d’État. Une plaie encore ouverte.
Durant la pandémie, l’appareil de gestion du Gabon s’est transformé en une machinerie opaque et prédatrice, orchestrée par le Comité de pilotage Copil-Coronavirus, dirigé par le Dr Guy Patrick Obiang Ndong, alors ministre de la Santé, avec la complicité d’autres figures clés de l’ancien régime, dont Prisca Koho Nlend, Noureddin Bongo Valentin et bien d’autres.
Aujourd’hui, grâce à la détermination des nouvelles autorités de transition, un vent de justice souffle enfin sur ce dossier. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema l’a dit dès sa prise de pouvoir : “Il n’y aura plus de zones d’ombre sur la gestion des fonds publics.” Fidèle à cet engagement, le gouvernement a donné mandat à la Cour des comptes, à l’Inspection générale de l’État et à la justice d’aller jusqu’au bout, sans tabou ni protection politique.
Des révélations accablantes, mises au jour par le Copil Citoyen

Plus de 2 600 documents analysés par le mouvement citoyen ont révélé :Des marchés publics attribués sans convention,Des réquisitions comptables systématisées pour contourner les procédures,Des doubles facturations,Des frais de mission exorbitants,Et surtout, une intervention de personnalités non habilitées dans la chaîne de dépense.
L’exemple le plus frappant : une facture de 19 millions de FCFA pour de la logistique payée deux fois, et des per diem journaliers de 350 000 FCFA pour le ministre de la Santé, 250 000 FCFA pour le président du Copil. Le tout, pendant que les centres de santé manquaient de gants, de médicaments et de lits.
Mais le scandale dépasse le champ financier. Il touche à l’humain, à l’éthique, à la dignité.
Au plus fort de la crise, de nombreuses familles ont vu leurs proches décédés déclarés à tort comme victimes de la COVID-19, sans test, sans preuve, sans explication. Une stratégie, selon plusieurs observateurs, pour gonfler artificiellement les chiffres et justifier une gestion exceptionnelle des fonds.“Ils ont enterré mon frère en me disant que c’était la COVID. Aucun test n’a été fait. Juste un certificat signé à la hâte”, confie une habitante de Port-Gentil.
Les nouvelles autorités veulent briser le mur de l’impunité

Aujourd’hui, la société civile, les magistrats et les enquêteurs agissent en toute indépendance, encouragés par un exécutif résolu à rétablir la confiance entre l’État et les citoyens. Des perquisitions ont permis de découvrir plus d’un milliard de FCFA en liquide chez d’anciens responsables. Des plaintes ont été déposées contre Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo, Noureddin Bongo Valentin et d’autres proches du pouvoir déchu.
L’enjeu dépasse la justice : il s’agit de réconcilier le pays avec sa mémoire récente, de redonner du sens à l’État, et de faire comprendre que plus jamais l’argent public ne servira à nourrir l’arrogance d’une minorité pendant que la majorité meurt en silence.
“Les Gabonais n’oublieront pas. Et nous n’oublierons rien”, a déclaré un magistrat impliqué dans l’enquête, sous couvert d’anonymat. Ce combat, désormais soutenu par le sommet de l’État, s’inscrit dans une volonté plus large de refondation morale de la République.
Le Gabon regarde son passé en face. Et pose les jalons d’un futur où la vérité, la justice et la dignité ne seront plus sacrifiées sur l’autel des intérêts politiques.