Dans un communiqué officiel aussi clair que décisif émanant du Bureau du Sénat, signé par la rapporteure Nefertiti NGUDIANZA BAYOKISA KISULA, les sénateurs de la République démocratique du Congo sont conviés à une séance plénière cruciale ce jeudi 22 mai 2025, à 14h, dans la prestigieuse Salle des Conférences Internationales du Palais du Peuple à Kinshasa.
L’affaire : le cœur d’un tournant politique et judiciaire

Au centre de cette session parlementaire : la levée des immunités parlementaires de deux figures politiques majeures. Il s’agit de :Michel Lingepo, sénateur, visé par une demande du Procureur Général près la Cour de Cassation pour autoriser l’ouverture d’une instruction judiciaire à son encontre ;Joseph Kabila Kabange, ancien Président de la République et Sénateur à vie, dans le collimateur de l’Auditeur Général près la Haute Cour Militaire, qui sollicite la levée de ses immunités pour engager des poursuites judiciaires.
Ce communiqué, daté du 21 mai 2025, met en lumière l’aboutissement d’un processus inédit, où les hautes institutions judiciaires réclament désormais des comptes à des figures jusque-là considérées comme politiquement intouchables.
Un choc politique attendu : le cas Joseph Kabila

La demande d’autorisation de poursuite contre Joseph Kabila Kabange, ancien chef d’État et figure tutélaire du paysage politique congolais, marque un tournant historique. Kabila, qui a dirigé la RDC pendant 18 ans (2001-2019), jouit depuis la fin de son mandat d’un statut de sénateur à vie, avec les privilèges et immunités que cela implique.
Jusqu’à présent, aucun prédécesseur vivant de la magistrature suprême n’avait été inquiété aussi frontalement par la justice congolaise. Cette démarche pourrait donc ouvrir une brèche sans précédent dans la culture de l’impunité, souvent dénoncée dans les hautes sphères du pouvoir en Afrique.
Michel Lingepo : un cas moins médiatique mais tout aussi révélateur

Moins connu du grand public, le sénateur Michel Lingepo se retrouve également dans l’œil du cyclone. Le communiqué mentionne explicitement une requête du Procureur Général près la Cour de Cassation pour engager une instruction à son encontre. Les motifs précis ne sont pas encore rendus publics, mais cette coïncidence temporelle avec l’affaire Kabila n’est pas sans alimenter les spéculations sur une volonté manifeste de nettoyage institutionnel au plus haut niveau.
Un Sénat face à l’histoire
La plénière du 22 mai ne s’annonce pas comme une simple formalité. Elle pourrait poser les fondements d’une nouvelle jurisprudence politique, renforçant l’indépendance de la justice et affirmant la responsabilité des élites face à la loi. Pour cela, les sénateurs devront faire preuve de courage, de lucidité, et placer l’intérêt supérieur de la nation au-dessus des appartenances politiques et des fidélités passées.
Un pays à la croisée des chemins

Ce développement intervient dans un contexte de fortes tensions politiques en RDC, entre les exigences de la population en matière de bonne gouvernance et la nécessité de préserver une stabilité souvent fragile. Il rappelle aussi que, même en Afrique centrale, les vents du changement peuvent souffler plus fort qu’on ne l’imagine — si tant est que les institutions jouent enfin leur rôle.