Libreville, 13 mai 2025 – Dans les colonnes du quotidien L’Union, le directeur général de Taxi Gab+, Curt Myricks Fouty Obeye, a livré un témoignage sans fard, révélant l’épineuse réalité de l’indiscipline chronique qui gangrène sa société. Ce qui devait être le fleuron de la modernisation du transport gabonais devient peu à peu le symbole d’un système résistant à toute réforme.
« Le Gabonais doit boire sa bière » : la gifle à la discipline

Face aux caméras et aux stylos, la déclaration de Curt Myricks fait l’effet d’un coup de tonnerre : « J’ai fait une note dans laquelle j’ai interdit aux chauffeurs de se garer devant les bars. Vous savez ce qu’ils m’ont répondu ? Nous sommes en partenariat, et tout le monde sait que le Gabonais doit toujours boire sa bière. » Un aveu cinglant, qui illustre la banalisation de comportements contraires aux règles les plus élémentaires de sécurité et de professionnalisme.
Les conducteurs de Taxi Gab+, censés incarner la vitrine du transport urbain nouvelle génération, n’en font qu’à leur tête. Stationnement sauvage, pauses prolongées devant les bars, retards injustifiés… autant de dérives qui saperont toute tentative de régulation si elles ne sont pas prises à bras-le-corps.
Une société record en contraventions : quand le ridicule ne tue plus

Curt Myricks ne mâche pas ses mots. Il confesse que Taxi Gab+ détient aujourd’hui le triste record de contraventions pour stationnement interdit à Libreville. Une contre-performance d’autant plus inquiétante qu’elle émane d’une société publique, censée montrer l’exemple. Cette situation témoigne d’un relâchement structurel, où les règles sont vécues non pas comme des garde-fous, mais comme des suggestions à ignorer.
L’indiscipline : reflet d’un malaise culturel profond

Le cœur du problème est là : l’indiscipline n’est pas un simple écart de conduite, elle est devenue une norme sociale tolérée. Le refus des chauffeurs de se plier à l’interdiction de stationner devant les bars n’est pas un acte isolé. Il révèle une permissivité culturelle vis-à-vis de l’alcool, de l’autorité et de la responsabilité collective. Cette situation n’est pas uniquement le problème de Taxi Gab+, elle est le miroir grossissant d’un mal national : l’érosion de la notion de bien commun.
Vers une thérapie de choc : rigueur, coordination et courage politique

Alors que la Vème République se veut le théâtre d’un redressement républicain et éthique, l’inaction n’est plus une option. Le ministère des Transports, sous la direction d’Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, ne pourra se contenter de discours. Il faudra des actes forts : sanctions immédiates, retrait de permis, suspension de licence, système de points et coordination avec les compagnies d’assurance pour imposer des malus financiers.
Mais surtout, il faudra briser l’omerta culturelle. Conduire en état d’ébriété ou détourner les règles pour satisfaire des penchants personnels n’est pas un « petit arrangement » : c’est un crime contre l’ordre public et contre la vie des passagers.
Taxi Gab+ ou le révélateur d’une réforme nationale

Taxi Gab+ était conçu comme une locomotive pour tracter le pays vers un modèle de transport moderne et sûr. Aujourd’hui, cette locomotive patine, embourbée dans les mauvaises habitudes et l’insouciance collective. Peut-être est-ce le signal qu’il faut aller plus loin, plus vite, plus fort. Car derrière le comportement d’un chauffeur, c’est l’image de toute une République qui vacille.
Et à ce stade, il ne s’agit plus de faire de la pédagogie. Il faut imposer la rigueur. Par tous les moyens nécessaires.