Pression croissante pour une transition politique au Cameroun

Un contexte politique en mutation
Depuis plusieurs mois, le Cameroun traverse une agitation politique sans précédent, alimentée par des demandes croissantes de transition démocratique. Paul Biya, président depuis 1982, subit une pression intense pour se retirer. À 92 ans, son âge soulève des interrogations sur sa capacité à gouverner un pays de 30 millions d’habitants. Les mouvements sociaux, comme la campagne en ligne #PaulBiyamustgo de Maybelle Boma, cherchent à mobiliser les Camerounais contre une nouvelle candidature de Biya pour les élections présidentielles d’octobre 2025.
Cette mobilisation, qui appelle à un million de participants, s’inscrit dans un contexte où les aspirations démocratiques prennent de l’ampleur en Afrique. Des pays comme le Sénégal et le Gabon, ayant connu des transitions pacifiques, illustrent cette dynamique. Dans le même temps, les critiques à l’égard de Biya émergent non seulement de la société civile, mais aussi de personnalités politiques au sein de son propre parti, le RDPC. Léon Theiller Onana, un conseiller municipal, a récemment été confronté à une procédure d’exclusion après avoir appelé le président à se retirer, révélant ainsi les tensions internes au sein du parti.
Les déclarations de Biya sur une « trajectoire de changement » propre à chaque société semblent davantage justifier le statu quo qu’indiquer une véritable volonté d’évolution. Perçu comme une manœuvre pour conservez son pouvoir, ce discours alimente encore davantage les critiques et remet en question l’engagement du régime de Yaoundé envers les changements démocratiques tant désirés.

Les voix de la société civile et des acteurs politiques
Les appels à la retraite de Biya ne proviennent pas uniquement de la société civile. Des figures politiques comme Maurice Kamto, secrétaire général adjoint du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), dénoncent les fraudes pré-électorales et insistent sur la nécessité d’un scrutin transparent. Récemment, Kamto a exprimé son indignation face à des déclarations attribuées à lui par les médias, soulignant l’importance d’une opposition unie contre le régime en place.
Les évêques de l’Église catholique, historiquement influents dans le paysage politique camerounais, ont également pris position. Leur appel à Biya pour qu’il renonce à sa candidature découle d’une volonté de voir émerger un nouveau leadership, capable de répondre aux attentes des citoyens. Ce soutien croissant à une transition politique est renforcé par un contexte social tendu marqué par des défis économiques et des tensions ethniques.
Le politologue Messanga Nyamding met en garde contre l’influence de certaines figures autour de Biya, qu’il qualifie de « visages politiquement hideux ». Selon lui, si le président ne se distancie pas de ces personnalités impopulaires, sa position risque de se fragiliser face à une opposition de plus en plus déterminée. Cette analyse souligne la nécessité pour Biya de naviguer habilement dans un paysage politique en pleine mutation.

Les réactions populaires et les enjeux futurs
La réponse des Camerounais aux déclarations de Biya et aux événements récents reflète un désir croissant de changement. Les réseaux sociaux sont devenus des plateformes de contestation où les citoyens expriment leur mécontentement face à un gouvernement perçu comme déconnecté des réalités du quotidien. Les critiques sur l’incohérence entre le discours présidentiel et les préoccupations majeures, telles que le chômage et la précarité, se multiplient.
Le 8 mai 2025, Biya a affirmé que l’expression religieuse devait contribuer à l’unité nationale. Mais cette déclaration a suscité des critiques acerbes sur les réseaux sociaux, où les internautes dénoncent une tentative de détourner l’attention des véritables problèmes socio-politiques. Les promesses d’unité ne se traduisent pas dans les actes du gouvernement, révélant un décalage croissant entre le régime et les aspirations du peuple.
À l’approche des élections, la pression sur Paul Biya ne fait que s’intensifier. Les appels à un changement de gouvernement se multiplient, et la question de l’âge du président devient centrale dans le débat public. Les événements à venir pourraient bien déterminer l’avenir politique du Cameroun et la capacité de ses citoyens à faire entendre leur voix dans ce contexte de transition démocratique.