samedi 17 mai 2025
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Gabon : du fracas des bottes à l’espoir d’une plume libre

Tandis que le monde célèbre ce jour la 32e Journée mondiale de la liberté de la presse, un vent nouveau souffle sur Libreville. Un vent de rupture, de renaissance. Le Gabon, naguère englué dans les filets d’un pouvoir cinquantenaire, a bondi de 15 places dans le classement mondial de la liberté de la presse, passant de la 56e à la 41e place selon Reporters sans frontières. Mais cette ascension symbolique n’est que la face visible d’un bouleversement plus profond : la fin officielle d’une transition militaire qui aura redéfini l’histoire d’un peuple.

Une transition née dans le tumulte, conclue dans l’histoireLe 30 août 2023, les armes se sont tues pour dire non à un système usé. L’armée, incarnée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, faisait irruption dans les palais du pouvoir, balayant la dynastie Bongo d’un revers de képi. La promesse était claire : restaurer les institutions, redonner au peuple sa dignité, et rompre avec la caricature démocratique.

Le samedi 3 mai 2025, après vingt mois de transition, le général est devenu président élu et légitime, fort d’un plébiscite à 94,85 % lors du scrutin d’avril dernier. Une victoire sans surprise, mais pas sans enjeux : elle marque la fin d’une ère provisoire et le début d’un mandat scruté, attendu, peut-être redouté.

Réformes, rupture et reconquête de l’opinion

La transition n’a pas été une parenthèse molle. Elle aura vu l’adoption d’une nouvelle Constitution, approuvée par plus de 91 % des votants. Une cinquième République qui concentre davantage de pouvoirs entre les mains du président, mais qui s’engage aussi sur le chemin de la transparence, de la redevabilité et de l’inclusion.

Les actes ont suivi : réhabilitation de 300 km de routes nationales, ouverture de 15 centres de santé, redynamisation du système éducatif avec le retour des bourses scolaires au secondaire. Le peuple, longtemps relégué au rang de spectateur d’une démocratie de façade, a retrouvé un rôle d’acteur dans une scène politique réécrite.

La presse libérée, mais surveillée

Le bond de 15 places dans le classement de la liberté de la presse n’est pas anodin. C’est le reflet d’un climat nouveau : moins de censure, plus de débats, des médias qui osent questionner. Un climat certes encore fragile — car le pouvoir présidentiel reste tentaculaire — mais qui marque une rupture inédite depuis l’indépendance.

Le discours du président Oligui Nguema lors de sa prestation de serment a résonné comme un manifeste d’intentions : « Le Gabon ne retournera plus dans l’ombre. » Une phrase pour l’Histoire ? L’avenir le dira. Car si les stylos sont plus libres, les défis, eux, sont toujours à l’encre noire.

Et maintenant ?

La fin de la transition n’est pas une arrivée. C’est un début. Celui d’un mandat scruté de près, dans un contexte de regain d’espoir mais aussi d’inquiétude. La jeunesse attend du travail. Les villes attendent de l’eau, de l’électricité, de la justice. Et la presse, qui fête ce jour sa liberté retrouvée, attend qu’on ne la muselle plus jamais.

Le Gabon est debout, enfin. Mais il ne court pas encore. Il apprend à marcher vers la démocratie réelle. Que la transition soit un tremplin, non une illusion. Car les peuples n’oublient jamais ceux qui leur rendent la voix. Ni ceux qui la leur reprennent.

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