Réseaux d’influence et marché de l’emploi au Cameroun

Une réalité ancrée dans le tissu social
Au Cameroun, le marché de l’emploi demeure un terrain miné, où les opportunités semblent réservées à une élite connectée. Une perception, soutenue par de nombreux témoignages, inclut celui qui déclare qu’il faut être « fils de tel… pour travailler ». Ce phénomène des réseaux d’influence, prédominant dans le recrutement, pose des questions essentielles sur l’équité et l’accès à l’emploi.
Historiquement, le népotisme et le favoritisme ont façonné le paysage professionnel camérounais, où les relations personnelles souvent l’emportent sur les compétences. Selon une étude du Centre de recherche sur le développement économique (CRDE), environ 70 % des jeunes diplômés croient que leurs chances d’accès à un emploi dépendent davantage de leurs connexions que de leur mérite. Ce constat met en lumière une inquiétante réalité : le marché de l’emploi au Cameroun semble être un système fermé, où l’accès est limité par des réseaux d’influence.
Les répercussions de cette dynamique sont profondes. Elle engendre un sentiment de désespoir parmi les jeunes, frustrés par des opportunités dévalorisées. De plus, la compétitivité du pays en pâtit, car les entreprises peuvent passer à côté de talents qualifiés simplement parce qu’ils ne proviennent pas des bonnes sphères sociales.

Le discours présidentiel face à la réalité
Le 2 mai 2025, Paul Biya a partagé un message sur Facebook, promettant l’engagement de l’État envers l’épanouissement de ses citoyens. Néanmoins, cette déclaration a été perçue avec scepticisme, surtout sur la question de l’emploi des jeunes. Les critiques pointent un fossé entre les promesses présidentielles et la réalité du marché de l’emploi. Biya lui-même a admis que ni l’État ni le secteur privé ne pouvaient satisfaire les besoins de l’emploi des jeunes, mettant en avant l’auto-emploi comme alternative.
Cependant, l’auto-emploi ne constitue pas une solution universelle. Les jeunes entrepreneurs se heurtent à de nombreux défis, tels que le manque de financement, l’accès limité aux marchés et une bureaucratie lourde. Le soutien institutionnel pour promouvoir l’auto-emploi reste également insuffisant. Bien que des initiatives gouvernementales existent, elles peinent à atteindre les jeunes dans les zones rurales ou marginalisées, accroissant ainsi les inégalités.
Les critiques du discours présidentiel soulignent que les promesses d’épanouissement général sont déconnectées des réalités vécues par la majorité des Camerounais. La prépondérance des réseaux d’influence, au cœur du marché de l’emploi, continue de miner la confiance des citoyens envers les institutions et les politiques publiques.

Vers une prise de conscience collective
Face à cette situation, il est impératif d’initier un débat national sur l’impact des réseaux d’influence sur l’emploi. Les jeunes, représentant une part significative de la population, doivent être au centre de cette réflexion. Des mouvements citoyens émergent, appelant à une transparence accrue dans les processus de recrutement et à une réforme des pratiques d’embauche. Ces initiatives cherchent à instaurer un environnement où compétences et mérite l’emportent sur les connexions personnelles.
Les experts en sociologie et en économie du travail soulignent la nécessité de créer des espaces de dialogue entre jeunes, employeurs et décideurs politiques. Cela pourrait redéfinir les normes de recrutement et encourager des pratiques plus inclusives. D’ailleurs, des études de cas dans d’autres pays africains, comme le Rwanda, démontrent que des réformes structurelles peuvent réduire le népotisme et améliorer l’accès à l’emploi.
En somme, la problématique des réseaux d’influence dans le marché de l’emploi camerounais ne doit pas être minimisée. Elle constitue un défi majeur à relever. Les jeunes doivent être encouragés à revendiquer leurs droits et à participer activement à la transformation de leur environnement professionnel. Cela soulève des questions cruciales pour l’avenir du pays : comment établir un marché de l’emploi plus équitable et inclusif ? Quelles actions concrètes peuvent être mises en œuvre pour garantir que chaque citoyen, indépendamment de ses connexions, ait une chance égale de réussir ?