Dans un monde trop souvent ébloui par les fastes et les titres, le testament du pape François vient comme un souffle d’Évangile, un murmure d’éternité dans le vacarme de l’éphémère. Le Vatican a levé le voile sur les dernières volontés du Souverain Pontife, révélant une page d’histoire aussi bouleversante qu’éclairante : un testament empreint d’humilité, de foi, et d’une cohérence rare entre parole et vie.

« Le tombeau doit être en terre, simple, sans décoration particulière et avec la seule inscription : Franciscus ». Voilà ce que demande Jorge Mario Bergoglio, devenu François, l’homme en blanc qui aura, pendant plus d’une décennie, dérouté les puissants et attiré les petits. À contre-courant des usages de la Curie et du protocole millénaire, le Pape souhaite reposer dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure, non pas en majesté, mais dans la poussière, sous la voûte discrète d’un sanctuaire qu’il chérissait.
Le choix n’est pas neutre. Il dit tout de cet Argentin d’origine modeste, ce fils d’immigrés qui a fait de l’Église des périphéries son étendard. Depuis les villas miseria de Buenos Aires jusqu’à la chaire de Pierre, François aura incarné un style pastoral où la croix ne se porte pas en or, mais sur les épaules, au plus près du peuple et de ses douleurs.

Le 29 juin 2022, dans la résidence de Sainte-Marthe, le Pape a rédigé son testament, « sentant s’approcher le crépuscule du soleil de [sa] vie terrestre », mais habité par une foi intacte en la Résurrection. Fidèle à son attachement marial, il veut que ses restes reposent entre la Chapelle Pauline – là où trône la Salus Populi Romani, protectrice du peuple romain – et la Chapelle Sforza. C’est là qu’il priait, discrètement, avant et après chacun de ses voyages apostoliques. Là aussi qu’il remerciait la Vierge pour sa présence silencieuse aux marges du monde.
Plus qu’un testament, c’est un message. Celui d’un pape qui, jusque dans la mort, refuse les honneurs. Celui d’un homme qui, malgré les douleurs physiques de ses dernières années, « a offert sa souffrance pour la paix dans le monde et la fraternité entre les peuples ». Une offrande invisible, mais puissante. Un cri silencieux contre les guerres, les murs, les divisions.

Il confie à Mgr Rolandas Makrickas, responsable du sanctuaire, l’exécution de ses dernières volontés. Aucun faste, pas de marbre triomphant. Juste une inscription : « Franciscus ». Pas de dates, pas de titres, pas même le mot « pape ». Une épitaphe désarmée, à l’image de celui qui aura désarmé les cœurs.Au crépuscule d’un pontificat marqué par l’audace, la miséricorde et une volonté constante de dépouillement, ce testament sonne comme une prière ultime. Et comme l’écho d’un Évangile vécu jusqu’au bout.
Dans la terre, il retourne. Dans la mémoire des peuples, il demeure.
Franciscus. Et c’est tout. Mais c’est immense. https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2025-04/le-testament-du-pape-francois.html