pour garantir un accès à l’eau potable à 80 % des CongolaisKinshasa, 8 mars 2025 – L’eau, source de vie, demeure un luxe pour des millions de Congolais. Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) regorge d’abondantes ressources hydriques, l’accès à l’eau potable reste un défi majeur. Pour inverser cette tendance, la Régie de Distribution d’Eau (REGIDESO) estime à plus d’un milliard de dollars par an, sur une décennie, l’investissement nécessaire pour porter le taux d’accès à l’eau potable à 80 % de la population.
Un défi monumental pour une nation aux ressources immenses

Pays au réseau hydrographique parmi les plus denses au monde, la RDC peine pourtant à assurer une desserte en eau satisfaisante à sa population. Actuellement, seuls 40 % des Congolais en milieu urbain et 20 % en zone rurale ont un accès fiable à l’eau potable. Une situation préoccupante dans un pays où plus de 60 % des maladies sont liées à la consommation d’eau insalubre, selon les experts sanitaires.
Face à cette urgence, la REGIDESO a établi un plan d’investissement massif, visant à moderniser les infrastructures vétustes, renforcer la production et l’extension du réseau. L’objectif affiché est ambitieux : atteindre 80 % de taux d’accès d’ici 2035.
Un besoin de financement colossal et un modèle économique à revoir

Atteindre cet objectif nécessiterait au moins 10 milliards de dollars sur 10 ans, soit plus d’1 milliard de dollars par an. Ce montant permettrait :
La réhabilitation des stations de pompage et de traitement des grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani.
L’extension du réseau de distribution vers les quartiers périphériques et les zones rurales.
L’amélioration du stockage et du transport de l’eau, notamment par la construction de nouveaux réservoirs et canalisations.
L’intégration des technologies modernes, comme la digitalisation de la gestion du réseau et la réduction des pertes d’eau.
Mais pour mobiliser ces fonds, la REGIDESO devra revoir son modèle économique. Actuellement, l’entreprise publique souffre de pertes financières importantes, dues à des infrastructures obsolètes, des fuites non maîtrisées et un taux de recouvrement faible des factures. Une réforme profonde est donc indispensable pour attirer des investissements publics et privés.
Le rôle de l’État et des partenaires internationaux
Le gouvernement congolais a fait de l’accès à l’eau potable un axe prioritaire de son plan de développement. Plusieurs bailleurs de fonds, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne, ont déjà exprimé leur intérêt pour financer des projets hydrauliques en RDC. Toutefois, les financements restent insuffisants face à l’ampleur du défi.
En parallèle, les autorités doivent mettre en place des réformes institutionnelles pour améliorer la gouvernance de la REGIDESO, renforcer la transparence et garantir une meilleure gestion des ressources.
Un enjeu vital pour la population
Au-delà des chiffres, ce projet représente une question de survie pour des millions de Congolais. Aujourd’hui encore, des familles parcourent plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau, souvent insalubre. L’augmentation de l’accès à l’eau potable réduirait considérablement les maladies hydriques, améliorerait les conditions sanitaires et stimulerait le développement économique du pays.
Alors que la RDC entre dans une période cruciale de transition et de reconstruction, ce pari sur l’eau pourrait bien être l’un des plus grands défis de la décennie. Reste à savoir si l’engagement des autorités et des partenaires sera à la hauteur de l’enjeu.