Impact économique de la biodiversité floristique au Gabon

Un trésor naturel sous-exploité
Le Gabon, souvent surnommé le poumon vert de l’Afrique centrale, abrite une biodiversité floristique d’une richesse inestimable. Environ 90 % de son territoire est couvert de forêts, avec un taux de déforestation remarquablement bas, de seulement 0,5 % entre 2000 et 2020. Ce modèle de gestion durable soulève toutefois des questions sur la valorisation économique de ce capital naturel.
Une étude de la Banque mondiale révèle que la valeur des forêts gabonaises a presque doublé, atteignant 1 572 milliards de dollars en 2020. Cela met en lumière non seulement leur importance économique, mais aussi leur rôle dans la régulation du climat mondial, avec près de 2 milliards de tonnes de CO₂ séquestrées chaque année. Cependant, le défi demeure : comment transformer cette biodiversité en richesse tangible tout en préservant l’environnement ?
Les forêts, tout en étant des réservoirs de biodiversité, sont des sources potentielles de revenus. Les crédits carbone offrent une opportunité significative. En monétisant la séquestration du carbone, le Gabon pourrait attirer des financements internationaux pour ses efforts de conservation. Mays Mouissi, ministre de l’Environnement et du Climat, a souligné la nécessité de ces financements pour garantir la pérennité des initiatives de préservation.

La biodiversité comme moteur de développement durable
La biodiversité floristique est essentielle pour le développement durable du Gabon. Elle participe à la régulation des écosystèmes et à l’amélioration des conditions de vie des populations locales. Les aires protégées, comme le souligne Stéphane Nti, Conseiller scientifique à l’ANPN, sont cruciales pour gérer cette biodiversité. Elles préservent les espèces menacées tout en offrant des opportunités de développement économique à travers le tourisme écologique.
Le tourisme durable, axé sur la découverte de la biodiversité gabonaise, pourrait générer des revenus conséquents. Des parcs nationaux tels que le parc national de Loango attirent des visiteurs du monde entier, désireux d’explorer la faune et la flore exceptionnelles du pays. Ce type de tourisme respectueux de l’environnement contribue à la création d’emplois et à la valorisation des savoir-faire traditionnels.
Par ailleurs, la valorisation des services écosystémiques, tels que la pollinisation et la régulation de l’eau, est primordiale pour garantir la sécurité alimentaire. En intégrant ces services dans les politiques économiques, le Gabon pourrait renforcer sa stratégie de développement durable.

Vers une comptabilité des écosystèmes
La récente rencontre scientifique du « One Forest Vision Initiative » à Libreville a mis en lumière la nécessité d’institutionnaliser la comptabilité des écosystèmes. Cette démarche vise à prendre en compte les services écosystémiques dans les forêts, mais aussi dans les systèmes fluviaux, côtiers et marins. Le Pr Alfred Ngomanda, Commissaire général du CENAREST, a souligné que les données de cet atelier seront cruciales pour orienter les décisions politiques en matière de préservation de la biodiversité.
En intégrant la valeur économique de la biodiversité dans les politiques publiques, le Gabon pourra préserver son capital naturel tout en stimulant son développement économique. La mise en place de mécanismes comptables pour valoriser la séquestration du carbone et les services écologiques pourrait attirer des investissements étrangers et positionner le Gabon comme un leader en matière de conservation sur la scène internationale.
En somme, la biodiversité floristique du Gabon représente un atout majeur pour le développement durable du pays. En valorisant ce capital naturel, le Gabon peut assurer la pérennité de ses écosystèmes et transformer cette richesse en opportunités économiques pour ses citoyens.
Alors que le Gabon aspire à devenir un modèle de gestion durable, quelles stratégies pourraient encore être mises en place pour maximiser les bénéfices économiques de sa biodiversité ? Comment le pays peut-il équilibrer développement économique et préservation de l’environnement face aux changements globaux ? Ces questions méritent d’être approfondies alors que le Gabon trace son chemin vers un avenir durable.