Forêts gabonaises : un atout climatique sous-exploité
Un puits de carbone vital pour la planète
Les forêts du Gabon, s’étendant sur 90 % du territoire, sont essentielles pour la régulation du climat mondial. Elles absorbent près de 2 milliards de tonnes de CO₂ par an, jouant ainsi un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique. Cette capacité à stocker du carbone est d’autant plus cruciale alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
Selon une étude récente de la Banque mondiale, le Gabon affiche un taux de déforestation exceptionnellement bas de 0,5 % entre 2000 et 2020. Ce chiffre reflète une gestion durable des ressources forestières, servant de modèle pour d’autres pays. Les forêts gabonaises ne sont pas seulement un réservoir de biodiversité, mais elles agissent aussi comme une barrière contre le dérèglement climatique, fournissant des services écosystémiques indispensables.
La préservation de ces forêts apporte des bénéfices non seulement pour l’environnement, mais aussi pour les communautés qui en dépendent. Pour elles, ces forêts offrent du bois, des fruits et des médicaments, tout en soutenant les moyens de subsistance de millions de personnes. Protéger les forêts gabonaises est ainsi une question de survie pour nombre d’habitants.
Valorisation économique : un défi majeur
Pourtant, malgré leur valeur écologique, les forêts gabonaises se heurtent à de réels défis en matière de valorisation économique. Bien que leur valeur ait presque doublé pour atteindre 1 572 milliards de dollars en 2020, transformer cette richesse en bénéfices tangibles est encore un enjeu majeur. En 2021, la contribution des forêts au PIB du pays ne s’élevait qu’à 3,7 %.
Le ministre de l’Environnement, Mays Mouissi, a relevé l’importance de mobiliser des financements internationaux pour soutenir une gestion durable. Il a également insisté sur la nécessité de créer des mécanismes de compensation financière, notamment via les marchés du carbone. Cependant, le manque de systèmes comptables liés à la séquestration du carbone limite la capacité du Gabon à capitaliser sur son potentiel en tant que puits de carbone, comme l’a souligné Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts.
Cette situation interroge sur la manière dont les pays en développement peuvent tirer parti de leurs ressources tout en préservant leur environnement. Des politiques publiques efficaces, couplées à des partenariats avec les acteurs internationaux, pourraient permettre au Gabon d’optimiser la valorisation de ses forêts et d’attirer les investissements nécessaires à leur protection.
Vers une gestion durable et inclusive
Pour surmonter ces défis, une approche intégrée est indispensable, alliant conservation et développement économique. Cela nécessite de sensibiliser les communautés locales à l’importance de préserver les forêts et de leur proposer des alternatives économiquement viables. L’écotourisme, ainsi que la production de produits forestiers non ligneux, peuvent générer des revenus tout en protégeant l’écosystème.
En outre, la coopération internationale joue un rôle crucial. Les pays développés, qui ont historiquement contribué aux émissions de gaz à effet de serre, doivent aider le Gabon à protéger ses forêts. Cela pourrait impliquer un financement de projets de reforestation ou des programmes de conservation, ainsi que des mécanismes de marché du carbone valorisant les services écosystémiques fournis par les forêts.
Les forêts gabonaises constituent un atout inestimable dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, leur valorisation économique demande une approche innovante et collaborative. Comment le Gabon peut-il convertir cette richesse naturelle en bénéfices concrets pour sa population tout en préservant son environnement ? Les réponses porteront une attention particulière à l’avenir des forêts et des communautés qui en dépendent.
