Kinshasa – Février 2025
Depuis plusieurs mois, la République Démocratique du Congo (RDC) est en proie à une escalade militaire sans précédent. Après des années de tensions avec le Rwanda voisin, la guerre semble désormais s’inviter aux portes du pouvoir de Félix Tshisekedi. La prise stratégique de Goma et Bukavu par les rebelles du M23, appuyés selon de nombreuses sources par Kigali, soulève une question brûlante : le régime de Kinshasa est-il au bord de l’effondrement ?
Tshisekedi, l’homme qui a défié Kagame
Tshisekedi n’a jamais caché son aversion pour Paul Kagame, qu’il considère comme l’architecte du chaos à l’Est du Congo. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, il a rompu avec l’ambiguïté diplomatique de son prédécesseur Joseph Kabila, optant pour une ligne dure contre le Rwanda. À plusieurs reprises, il a dénoncé publiquement l’implication de Kigali dans le soutien aux groupes armés qui ravagent l’Est de la RDC.
Mais cette posture de fermeté a-t-elle fait de lui une cible à abattre ? Beaucoup d’observateurs estiment que Tshisekedi paie aujourd’hui le prix de sa défiance envers Kagame, un dirigeant dont la proximité avec les grandes puissances occidentales est notoire. Washington, Londres et Paris voient en lui un partenaire fiable dans une région où la stabilité reste un enjeu stratégique.
Un conflit asymétrique et une armée affaiblie

La prise de Goma et Bukavu par le M23 révèle les failles béantes de l’appareil sécuritaire congolais. Mal équipées, infiltrées et gangrenées par la corruption, les Forces Armées de la RDC (FARDC) peinent à tenir tête à des rebelles mieux organisés et bénéficiant d’un soutien logistique sophistiqué.
Malgré les renforts des troupes burundaises et sud-soudanaises, déployées sous couvert d’accords bilatéraux, Kinshasa est acculé. Les rebelles progressent vers Kisangani, et les signaux sont inquiétants. L’État congolais, déjà fragilisé par une crise économique et des tensions politiques internes, risque de sombrer dans une instabilité encore plus profonde.Les grandes puissances complices du pillage ?
La question du pillage des ressources congolaises revient sur la table avec insistance. Depuis des décennies, l’Est du Congo est une zone d’exploitation incontrôlée de minerais stratégiques comme le coltan, le cobalt et l’or. Kagame, adoubé par des multinationales et des élites occidentales, joue un rôle clé dans l’acheminement illégal de ces ressources vers les marchés internationaux.En refusant d’entrer dans le jeu de la compromission, Tshisekedi s’est isolé sur la scène internationale. La timidité des réactions occidentales face à l’avancée du M23 en dit long sur la volonté des grandes puissances de lâcher Kinshasa.
Vers un effondrement du régime ?

À l’heure actuelle, la chute du régime Tshisekedi n’est pas encore actée. Mais le spectre d’un effondrement rapide plane sur Kinshasa. L’histoire récente montre que des conflits asymétriques peuvent provoquer la déstabilisation d’un État en un temps record. Si la capitale venait à être menacée, le pouvoir de Félix Tshisekedi pourrait vaciller sous le poids de la pression militaire et de la défiance populaire.
Dès lors, la RDC fait face à un dilemme existentiel : s’engager dans une guerre totale contre le Rwanda, au risque d’un embrasement régional, ou négocier une sortie de crise en sacrifiant une partie de sa souveraineté. Dans les deux cas, c’est le peuple congolais qui paiera le prix fort d’une guerre aux enjeux bien plus vastes que la seule survie du régime de Kinshasa.