lundi 16 juin 2025
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Vassalisation des Chefs Traditionnels : Impacts.

Vassalisation des Chefs Traditionnels au Cameroun

Une Tradition Érodée par l’État

La vassalisation des chefs traditionnels au Cameroun soulève de vives critiques. Intellectuels et acteurs de la société civile alertent sur cette réalité. Dans une lettre ouverte du 30 janvier 2025, Hamadou Habibou souligne comment l’État camerounais a progressivement érodé l’influence des lamibés. Autrefois figures centrales, ces chefs traditionnels sont désormais confinés à un rôle subalterne. L’État colonial, suivi par le système moderne, a réduit leur pouvoir et leur légitimité.

Cette transformation a été facilitée par des décrets, notamment celui de 1969. Ce dernier limite les compétences des juridictions traditionnelles à des affaires spécifiques, comme les mariages coutumiers et certaines questions foncières. Les chefs traditionnels, jadis garants de la culture et de la justice, se trouvent maintenant dépendants de l’État, remettant en question leur capacité à représenter les intérêts de leurs communautés.

Des critiques telles que celles de Calixthe Beyala vont encore plus loin. Elle les qualifie de « photocopies de chefs », affirmant qu’ils ne sont que des instruments au service du régime. Leur soutien inconditionnel à Paul Biya pour les élections de 2025 est perçu par certains comme une trahison des valeurs traditionnelles. Cela renforce l’idée qu’ils ne reflètent plus les aspirations profondes de la population.

Conséquences sur la Gouvernance Locale

Les conséquences de cette vassalisation touchent directement la gouvernance locale. La perte d’autonomie des chefs a engendré une déconnexion entre les autorités locales et les populations. Devenus relais du pouvoir central, ils peinent à mobiliser les communautés autour des enjeux locaux. Cette situation fragilise la cohésion sociale.

Jean-Pierre Bekolo évoque une « curiosité des tropiques ». La concentration du pouvoir entre les mains de quelques individus, souvent ministres ou professeurs, n’apporte pas les résultats escomptés. Cette accumulation de pouvoir ne renforce pas l’autorité des chefs traditionnels, mais accroît leur inefficacité et leur éloignement des réalités du terrain.

Par ailleurs, la présence des chefs traditionnels dans des fonctions politiques soulève des questions sur leur impartialité. Me Akere Muna remet en cause leur rôle en tant que garants de l’unité nationale face aux manœuvres politiques qui compromettent leur légitimité. Cette situation génère un climat de méfiance entre les populations et leurs leaders, entravant l’instauration d’une gouvernance participative et inclusive.

Impact sur l’Identité Culturelle

La vassalisation des chefs traditionnels affecte également l’identité culturelle camerounaise. En affaiblissant leur pouvoir, l’État contribue à la démystification des traditions et des valeurs qui ont structuré la vie communautaire. Autrefois respectés, les chefs sont désormais perçus comme des agents du régime, ce qui nuit à leur autorité.

Calixthe Beyala appelle à un retour aux valeurs ancestrales. Selon elle, les chefs actuels parlent davantage pour leurs intérêts que pour ceux du peuple. Cette déconnexion soulève des questions sur la préservation des cultures locales. Les jeunes générations, en quête d’identité, se sentent perdues face à cette crise de légitimité des figures d’autorité traditionnelles.

En résumé, la vassalisation des chefs traditionnels par l’État camerounais va au-delà d’une simple question de pouvoir. Elle touche aux fondements de la gouvernance locale et de l’identité culturelle. Les critiques de Hamadou Habibou, Jean-Pierre Bekolo et Calixthe Beyala incitent à une réflexion profonde sur le rôle crucial des chefs traditionnels dans la société contemporaine, ainsi que sur la nécessité de restaurer leur légitimité pour promouvoir une gouvernance plus inclusive et respectueuse des valeurs culturelles.

Face à ces enjeux, il est légitime de se demander : comment rétablir la confiance entre les chefs traditionnels et les communautés qu’ils représentent ? Quelles mesures pourraient être mises en place pour redonner aux chefs traditionnels leur rôle d’autorité et de médiation dans un contexte où l’État semble vouloir les contrôler ?

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