Alors que l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est une fois de plus en proie à une escalade des combats, Washington, Londres et Paris lancent un appel pressant à leurs ressortissants pour quitter la ville de Goma. En demandant un départ immédiat « tant que les aéroports et les frontières sont encore ouverts », ces puissances rappellent implicitement la gravité d’une crise qui échappe à tout contrôle, mais surtout, elles réaffirment leur désengagement face à une région qu’elles ne voient que comme une source de risques à gérer de loin.
Une alerte récurrente qui révèle des failles profondes
Ces appels à l’évacuation, désormais prévisibles, soulignent avant tout une vérité désagréable : l’abandon progressif de la RDC par les puissances occidentales sur le terrain géopolitique. Pendant que ces États prennent soin de leurs ressortissants, la population congolaise reste exposée à des violences répétées, dans un silence assourdissant de la communauté internationale. Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, est devenue le symbole d’une région piégée entre l’incurie des institutions nationales, la résurgence des groupes armés tels que le M23, et l’inaction d’acteurs extérieurs prompts à diagnostiquer, mais réticents à agir.
La RDC, otage d’un double jeu international
Loin de se limiter à des préoccupations humanitaires ou sécuritaires, l’attitude des grandes puissances illustre également leur gestion cynique de la crise. Washington, Londres et Paris, qui prônent officiellement la stabilité en Afrique, se contentent d’émettre des déclarations et d’exhorter leurs ressortissants à fuir, tout en fermant les yeux sur les dynamiques complexes alimentant les conflits.
Le soutien implicite ou explicite de certains pays voisins au M23, notamment le Rwanda, est un sujet bien connu des chancelleries occidentales, mais rarement abordé avec fermeté. Pendant ce temps, les Congolais perçoivent cette passivité comme une forme de complicité, voire de validation tacite des exactions en cours.
L’hypocrisie d’un désengagement humanitaire
Si la sécurité des ressortissants occidentaux est une priorité légitime, la gestion unilatérale de cette crise révèle une absence totale de stratégie pour la région. En s’abstenant de soutenir activement les efforts congolais pour restaurer la paix, les puissances occidentales se contentent d’un rôle d’observateur. La Monusco, force onusienne présente depuis des décennies, est critiquée pour son inefficacité, mais elle illustre aussi le désintérêt plus large d’une communauté internationale paralysée par ses propres contradictions.
Une RDC livrée à elle-même ?
Face à cette situation, une question s’impose : jusqu’à quand la RDC devra-t-elle faire face seule à une crise dont les causes dépassent largement ses frontières ? Les appels à l’évacuation ne sont pas seulement une réponse à une urgence sécuritaire, mais aussi le signe d’un retrait géopolitique à peine voilé. Pendant que Goma s’apprête à subir de nouvelles vagues de violences, les grandes puissances, elles, ferment leurs valises.
Ce désintérêt profond, masqué par un humanitarisme de façade, interpelle : dans quelle mesure la stabilité de la RDC et de la région des Grands Lacs est-elle encore une priorité pour les puissances occidentales ? L’histoire récente suggère que la réponse est loin d’être encourageante.
Conclusion : un futur à réécrire
La RDC ne peut plus se contenter d’être un dossier marginal dans les agendas internationaux. Si les puissances occidentales aspirent réellement à la stabilité mondiale, elles devront revoir leur posture et s’investir davantage dans une région où leurs responsabilités, historiques et contemporaines, ne peuvent être balayées d’un revers de la main. À défaut, Goma continuera d’être le reflet d’une communauté internationale défaillante, plus soucieuse de protéger ses propres citoyens que d’endiguer un conflit qui menace des millions de vies.
