Favoritisme et tensions ethniques chez Eneo

Contexte des accusations de favoritisme
Le 2 février 2025, le député Bindoua Mathurin, membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a déclenché une vive controverse en dénonçant la dominance des Bamilékés au sein d’Eneo, dans la région du Sud. Ces propos soulèvent des questions sur la représentation ethnique dans les institutions, tant publiques que privées, au Cameroun. En affirmant que tous les dirigeants d’Eneo dans cette région proviennent de l’Ouest, Mathurin a non seulement mis en avant un sentiment de favoritisme, mais aussi ravivé des tensions ethniques latentes.
Les allégations de favoritisme ne sont pas étranges au paysage politique camerounais. Les groupes ethniques se disputent souvent l’accès aux ressources et aux opportunités. Dans ce contexte, la déclaration de Mathurin a été perçue par certains comme une manœuvre pour galvaniser le soutien de sa base électorale, tout en ignorant les inégalités dans d’autres secteurs où des membres de son propre village détiennent des postes influents.
Cette situation s’est intensifiée avec les critiques d’activistes comme N’zui manto yi sep sep, qui a dénoncé le tribalisme affiché par le député. En faisant valoir que les Bamilékés représentent environ 85 % des effectifs d’Eneo, il a mis en lumière une réalité qui contredit les allégations de favoritisme. Ce débat sur la représentation ethnique dans les entreprises illustre une lutte plus vaste pour pouvoir et ressources au Cameroun.

Les conséquences des discours de division
Les discours de division, comme ceux prononcés par Mathurin, ont des impacts profonds sur la cohésion sociale. En soulignant l’appartenance ethnique, ces déclarations renforcent les stéréotypes et alimentent un sentiment de victimisation au sein des groupes minoritaires. Par exemple, Francis Mbeng, un autre activiste, a décrit ce qu’il considère comme l’ethnofascisme bamiléké à Eneo, reprochant à ce groupe de dominer la fonction publique et les entreprises partenaires d’Eneo.
Ces accusations peuvent créer un climat de méfiance, et parfois de ressentiment, entre différentes communautés. Les membres de groupes minoritaires peuvent ainsi se sentir exclus des opportunités économiques, générant des tensions ouvertes. De plus, ces discours risquent d’inciter à la violence, comme en attestent des exemples dans d’autres pays où les rivalités ethniques ont conduit à des conflits armés.
Les conséquences de ces tensions ne se limitent pas aux rivalités interethniques. Elles menacent également le développement économique du pays. Un climat de suspicion peut décourager les investissements étrangers et entraver la coopération entre diverses communautés, freinant ainsi l’évolution commune.

Vers une réconciliation ou une division accrue ?
Face à cette situation, la question de la réconciliation se pose. Comment les acteurs politiques et sociaux peuvent-ils unir leurs efforts pour apaiser les tensions ethniques et assurer une représentation équitable au sein des institutions ? La réponse pourrait résider dans l’adoption de politiques inclusives qui tiennent compte de la diversité ethnique du pays.
Des initiatives axées sur la diversité et l’inclusion dans les entreprises publiques et privées pourraient atténuer ces tensions. Par exemple, des programmes de sensibilisation et des formations sur la gestion de la diversité pourraient créer un environnement de travail plus serein. De plus, des mécanismes de représentation équitable dans les instances décisionnelles pourraient permettre à chaque communauté de se sentir écoutée et respectée.
Enfin, il est primordial que les leaders politiques adoptent un discours qui promeut l’unité plutôt que la division. En se concentrant sur des intérêts communs et en célébrant la richesse culturelle du Cameroun, il serait possible de bâtir un avenir où les tensions ethniques s’apaisent, permettant à chaque citoyen de se sentir valorisé.