Le rôle des jeunes dans la transition gabonaise
Une jeunesse au cœur des enjeux économiques
La transition politique au Gabon, amorcée suite au coup d’État du 30 août 2023, a révélé l’importance croissante des jeunes dans le développement économique et social du pays. En 2024, le chômage des jeunes atteignait des sommets alarmants, avec un taux dépassant les 40 %. Cette crise a entraîné la création du Mouvement national des chômeurs du Gabon (MNCG), sous la direction d’Axel Junior Kombila Kombila, qui a su mobiliser des manifestations pour dénoncer les injustices et les promesses non tenues par le gouvernement.
Ces jeunes, représentant une part significative de la population, se sont fermement engagés à revendiquer des opportunités d’emploi. Le 24 décembre 2024, lors d’un rassemblement devant l’Assemblée nationale, ils ont exprimé leur colère face à la manipulation des concours de recrutement, jugés discriminatoires. Les 1 500 postes budgétaires promis par le président de la transition ont été jugés insuffisants, accentuant ainsi l’urgence d’actions concrètes pour améliorer la situation de l’emploi chez les jeunes.
Dans son discours du 31 décembre 2024, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a évoqué la création de 163 000 emplois pour les jeunes en 2025, à travers des projets ambitieux comme le port en eau profonde de Mayumba et la ligne de chemin de fer Belinga-Bouée-Mayumba. Ces initiatives ont pour objectif de relancer l’économie nationale tout en soulignant le rôle clé des jeunes dans la construction d’un avenir meilleur pour le Gabon.
Opportunités d’emploi et initiatives entrepreneuriales
Les projets envisagés par le gouvernement représentent un regain d’espoir pour la jeunesse gabonaise. La création d’infrastructures modernes est primordiale pour dynamiser l’économie et favoriser l’emploi. Le port de Mayumba, en particulier, est un projet capable de transformer le paysage économique en facilitant le commerce international et en générant des milliers d’emplois directs et indirects.
Parallèlement, on assiste à une évolution notable avec l’émergence de jeunes entrepreneurs dans des domaines traditionnellement dominés par des femmes et des expatriés, comme l’onglerie. Des jeunes tels que Glenn Bouanga et Junior Ondo se lancent dans ces secteurs, explorant de nouvelles voies et brisant les stéréotypes de genre. Cette dynamique entrepreneuriale, soutenue par des mesures gouvernementales, reflète une prise de conscience croissante de l’importance de l’engagement économique des jeunes.
Cependant, de nombreux défis persistent. Les jeunes entrepreneurs rencontrent des obstacles tels que des contraintes administratives, un accès limité au financement et une absence de mécanismes de sécurité sociale. Pour que ces initiatives soient fructueuses, un soutien renforcé des autorités est indispensable, notamment en matière de formation et d’accompagnement.
Défis et perspectives d’avenir
Malgré les promesses d’emploi et les initiatives entrepreneuriales, les jeunes gabonais doivent naviguer dans un environnement complexe, ponctué de défis économiques et sociaux. Le professeur Albert Ondo Ossa a souligné que les démarches des jeunes, bien qu’essentielles, devraient être mieux orientées vers les instances décisionnelles, comme la présidence et le gouvernement. Cette réflexion met en exergue la nécessité d’être entendu et d’établir un dialogue constructif avec les autorités pour traiter efficacement le problème du chômage.
Ainsi, la transition gabonaise doit également prendre en compte les enjeux environnementaux et former les jeunes aux métiers verts. Bien que ces secteurs puissent offrir des solutions durables au chômage, peu d’efforts ont été déployés pour encadrer cette main-d’œuvre. Cela souligne un manque d’engagement envers les jeunes durant cette période de transition.
Au final, le rôle des jeunes dans la transition gabonaise est à la fois porteur d’espoir et parsemé d’obstacles. Les projets d’infrastructures et l’essor de l’entrepreneuriat offrent des perspectives encourageantes, mais des efforts concertés sont incontournables pour surmonter les défis en cours. Comment les jeunes pourront-ils s’impliquer activement dans la transformation de leur pays tout en s’attaquant à ces défis ?
