La politique en Afrique, à la fois diverse et complexe, trouve ses racines dans des siècles de traditions, d’influences extérieures et de luttes internes. Contrairement à l’image souvent simplifiée d’une Afrique déconnectée de la politique formelle, les sociétés africaines ont longtemps développé des formes d’organisation et de gouvernance propres, souvent adaptées à leurs réalités culturelles et sociales. Cet article explore les origines de la politique en Afrique, en remontant à ses premières formes de gouvernance traditionnelle, en passant par l’impact de la colonisation, jusqu’aux luttes pour l’indépendance et l’ère post-coloniale.
1. Les Gouvernances Traditionnelles en Afrique
Voici les phrases transformées à la voix active :
Avant l’arrivée des puissances coloniales, les royaumes, empires et sociétés africaines composaient l’Afrique, organisés selon des systèmes politiques très variés. Les sociétés africaines précoloniales adaptaient souvent leurs formes de gouvernance aux réalités locales et tribales, et reposaient sur des principes de concertation, de consensus et de respect des traditions.
Les Chefs et Les Conseils d’Anciens :
Dans de nombreuses communautés africaines, le pouvoir politique était exercé par des chefs de village, des rois ou des empereurs, mais la prise de décisions se faisait souvent par l’intermédiaire de conseils d’anciens ou de sages. Ces conseils étaient chargés de guider les décisions importantes et de maintenir la paix au sein de la communauté. L’autorité des chefs reposait sur leur respect des coutumes et de la justice traditionnelle.
Exemples :
- L’Empire du Mali, au XIVe siècle, sous le règne de Kankou Moussa, était dirigé par un empereur, mais les décisions étaient souvent prises après consultation des chefs de provinces et des membres du conseil des sages.
- Les sociétés Akan, au Ghana actuel, avaient des conseils des chefs (les “Asantehene”) qui regroupaient des leaders communautaires pour prendre des décisions collectives. La structure politique était décentralisée, et les conseils d’anciens avaient un rôle primordial dans le processus décisionnel.
Les Systèmes Féodaux et Monarchiques :
Les sociétés africaines comptaient aussi sur des systèmes monarchiques, parfois centralisés, comme l’Empire Ashanti ou le royaume du Dahomey. Ces structures faisaient appel à une hiérarchie de gouvernance avec des pouvoirs centraux, mais aussi une décentralisation à travers des provinces et des régions autonomes.
2. L’Influence des Colonisations Européennes
L’ère coloniale marque un tournant majeur dans l’histoire politique de l’Afrique. L’arrivée des puissances coloniales au XIXe siècle bouleverse non seulement l’organisation politique des sociétés africaines, mais impose de nouvelles formes de gouvernance étrangères qui redéfiniront le paysage politique du continent.
Le Partage de l’Afrique (Scramble for Africa) :
À partir de la fin du XIXe siècle, l’Afrique est « partagée » entre les puissances européennes lors de la Conférence de Berlin de 1884-1885, où les grandes puissances coloniales se divisent le territoire africain sans tenir compte des structures sociales et politiques existantes. Cela entraîne une imposition de nouvelles frontières, souvent artificielles, et la soumission des sociétés africaines à des régimes autoritaires basés sur l’exploitation des ressources naturelles et humaines.
Les colonisateurs imposent leurs propres systèmes politiques, qui sont souvent étrangers aux traditions locales. En général, les colonies sont administrées de manière autoritaire, et les populations africaines sont privées de participation politique directe.
Les Types de Colonisation :
- La Colonisation Directe : Par exemple, en Afrique francophone, la France établit des régimes d’administration directe, où des gouverneurs coloniaux prennent toutes les décisions au nom du métropole.
- La Colonisation Indirecte : En Afrique anglophone, comme en Ouganda ou au Nigéria, les Britanniques utilisent un système de « gouvernement indirect », où ils gèrent les colonies à travers les chefs locaux, mais sous leur autorité directe. Cela crée une division entre les élites traditionnelles et les populations colonisées.
3. La Lutte pour l’Indépendance : L’Émergence de la Politique Moderne en Afrique
Au milieu du XXe siècle, une vague de nationalisme secoue l’Afrique. Les mouvements de libération nationale, inspirés par des idées de justice sociale, d’égalité et d’autodétermination, réclament la fin de la domination coloniale. Les premières indépendances africaines s’obtiennent dans un contexte où la politique moderne, telle que définie par les idéaux européens de démocratie et de citoyenneté, commence à s’imposer.
Les Leaders Indépendantistes : Les figures marquantes de l’indépendance africaine, telles que Kwame Nkrumah du Ghana, Sékou Touré de la Guinée, Patrice Lumumba du Congo, Ahmed Sékou Touré de la Guinée, et Nelson Mandela en Afrique du Sud, incarnent cette génération de leaders qui ont combattu pour la liberté et l’autonomie de leurs pays. Ces leaders étaient porteurs de rêves d’unité africaine et d’indépendance économique et politique, souvent inspirés par les idéaux du panafricanisme.
Les luttes de libération sont souvent violentes et marquées par des conflits armés, comme la guerre d’indépendance en Algérie, la lutte en Angola et au Mozambique, ou encore la révolution tunisienne.
La Déclaration d’Indépendance et l’Organisation des Premières Institutions :
Après la Seconde Guerre mondiale, les premières indépendances africaines ont lieu, avec le Ghana devenant le premier pays subsaharien à obtenir son indépendance en 1957. Cela marque le début d’un processus où des dizaines de pays africains deviennent indépendants dans les années 1960. Les nouveaux dirigeants africains créent des institutions politiques basées sur des modèles démocratiques ou autoritaires, selon les cas, mais tous sont marqués par la quête de l’unité nationale et la mise en place de nouveaux systèmes politiques.
L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), fondée en 1963 à Addis-Abeba, symbolise l’espoir d’une Afrique unie et prospère, même si la réalité politique sur le terrain reste complexe et marquée par des tensions internes, des coups d’État et des conflits.
4. L’ère Post-Coloniale et les Défis Politiques Contemporains
Après l’indépendance, l’Afrique s’est retrouvée confrontée à une série de défis politiques complexes. Les héritages coloniaux, notamment les frontières tracées de manière arbitraire, l’absence de structures d’État solides, et la dépendance économique vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, ont souvent conduit à des instabilités politiques, des coups d’État, des dictatures militaires et des conflits internes.
Les Débats sur la Démocratie et le Panafricanisme :
Les débats sur la gouvernance en Afrique ont souvent oscillés entre des modèles démocratiques, comme ceux proposés par Kwame Nkrumah et d’autres leaders panafricains, et des systèmes plus autoritaires et centralisés. Les pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire ou la République du Congo ont vu se succéder des régimes autoritaires, parfois soutenus par des structures de parti unique ou des militaires, tandis que d’autres nations, comme le Ghana ou le Sénégal, ont fait de réelles tentatives de consolidation démocratique.
Le panafricanisme, l’idéal de solidarité et de coopération entre les nations africaines, reste un des grands moteurs de la politique africaine, mais les tensions internes, les guerres civiles et les fractures économiques ont souvent empêché sa pleine réalisation.
5. Conclusion : Une Politique en Évolution
Les origines de la politique en Afrique sont marquées par une fusion complexe entre les traditions africaines de gouvernance, l’impact dévastateur de la colonisation, et la quête moderne d’autonomie et de démocratie. La politique africaine reste en constante évolution, confrontée à des défis internes (corruption, conflits ethniques, inégalités économiques) et externes (néocolonialisme, enjeux géopolitiques mondiaux). Cependant, la résilience des peuples africains et l’importance croissante des mouvements démocratiques et panafricains ouvrent la voie à une Afrique politique plus forte et plus unie.