L’histoire retiendra peut-être cette date comme celle où un homme, depuis Libreville, a tracé les premiers contours d’une réconciliation tant attendue entre deux géants de l’Afrique centrale. Ce 3 mai 2025, au stade de l’amitié sino-gabonaise, la présence conjointe du Président rwandais Paul Kagamé et de son homologue congolais Félix Antoine Tshisekedi à la cérémonie d’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema n’a rien d’anodin. Elle relève du symbole fort, rare, presque inédit dans un contexte géopolitique aussi tendu que celui de la région des Grands Lacs.
Le nouveau Président de la République Gabonaise, auréolé d’une transition jugée stable par une grande partie de la communauté internationale, n’a pas seulement prêté serment aujourd’hui. Il a également, sans le déclarer, endossé les habits du médiateur, de l’homme de ponts. Car réussir à réunir en un même lieu — dans la paix, le respect mutuel et l’obséquiosité protocolaire — les présidents de deux pays en conflit dans l’Est de la République Démocratique du Congo, est en soi un acte diplomatique fort.
En cela, Brice Clotaire Oligui Nguema inscrit le Gabon sur une nouvelle carte : celle de la diplomatie africaine proactive. Après avoir su restaurer la confiance au sein de ses institutions nationales, il tend désormais la main au continent. Son message est clair : Libreville n’est pas seulement une capitale politique, c’est une terre de dialogue. Une boussole pour une Afrique qui cherche à panser ses plaies.
Les analystes les plus avertis n’y voient pas un hasard. « La présence de Kagamé et Tshisekedi à Libreville n’est pas une coïncidence. C’est un signal, peut-être même un pari sur la stature montante du Président gabonais en tant que futur facilitateur », glisse une source diplomatique régionale.
Oligui Nguema, formé dans les cercles les plus exigeants de la discipline militaire, porte aussi le sens stratégique de la paix. Il connaît la valeur du silence, la puissance des symboles, l’intelligence des gestes mesurés. En accueillant ces deux chefs d’État, il semble poser les fondations d’un rôle plus large : celui de catalyseur du dialogue interafricain.
Alors que l’Est de la RDC continue de saigner, que des millions de vies sont suspendues aux aléas de négociations souvent avortées, l’Afrique observe. Et dans cette observation, elle devine peut-être une chance nouvelle. Car si la paix ne peut venir que d’une volonté partagée, encore faut-il un terrain neutre, une voix crédible, un homme libre des logiques de belligérance.
En ce sens, Brice Clotaire Oligui Nguema n’a pas seulement prêté serment aujourd’hui : il a fait une promesse à l’Afrique.
