Bruxelles – Lundi 18 mars 2025 – L’Union européenne vient de franchir un cap décisif dans le conflit qui ravage l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Dans une décision attendue mais sans précédent, Bruxelles a imposé une série de sanctions ciblées contre des individus et une entité accusés d’alimenter la guerre, en particulier à travers le financement et le commandement du M23. Ces mesures marquent un tournant dans l’implication occidentale face à un conflit qui menace la stabilité régionale.
Une frappe directe contre les finances du M23

Parmi les mesures phares de ces sanctions, l’UE a décidé de frapper là où ça fait mal : les finances. L’une des entités visées est Gasabo Gold Refinery, une raffinerie suspectée de jouer un rôle clé dans le blanchiment de l’or extrait illégalement en RDC. Ce commerce illégal génère des millions de dollars pour le M23, lui permettant d’acheter des armes et d’entretenir ses opérations militaires. En gelant ses avoirs et en interdisant les transactions avec des entités européennes, l’UE cherche à asphyxier cette manne financière.
Les têtes du M23 dans le viseur
L’Europe ne s’est pas arrêtée aux finances. Plusieurs figures du M23 font désormais l’objet de sanctions individuelles, notamment :Joseph Musanga Bahati (alias Erasto), un chef militaire accusé d’exactions contre les civils.
Bertrand Bisimwa, président politique du mouvement, qui joue un rôle clé dans les négociations et la stratégie du groupe.John Imani Nzenze (alias Mike Bravo), un haut gradé du M23 impliqué dans les combats sur le terrain.
Ces sanctions impliquent le gel de leurs avoirs en Europe et l’interdiction de voyage, une manière de réduire leur marge de manœuvre diplomatique et économique.
Le Rwanda officiellement mis en cause

C’est un message sans équivoque à Kigali. Pour la première fois, l’UE cible directement un responsable rwandais présumé impliqué dans le soutien au M23. Ruki Karusisi (alias Rocky), un officier de haut rang, est sanctionné pour son rôle dans la logistique et l’approvisionnement en armes du mouvement rebelle.
Bruxelles envoie ainsi un signal clair : le soutien au M23 ne restera pas impuni. Cette décision pourrait envenimer les relations entre l’Europe et le Rwanda, qui nie toute implication directe dans le conflit.
Quelles conséquences sur le terrain ?
Ces sanctions marquent une inflexion dans la politique européenne en Afrique centrale. Elles témoignent d’une prise de conscience accrue de la complexité du conflit congolais, où s’entremêlent intérêts économiques, rivalités régionales et ambitions politiques.Mais seront-elles réellement efficaces ? Si elles affaiblissent le financement et la diplomatie du M23, elles ne règlent pas les causes profondes du conflit : l’insécurité persistante en RDC, la porosité des frontières et la demande mondiale pour des ressources minières stratégiques.
Seule une coopération internationale rigoureuse, impliquant aussi l’Union africaine et l’ONU, pourra donner du poids à ces mesures. En attendant, Kinshasa pourrait y voir un soutien occidental bienvenu dans sa lutte contre une rébellion qui continue d’endeuiller l’Est du pays.
Affaire à suivre…