Délestages électriques au Cameroun : une crise persistante
Contexte historique et enjeux énergétiques
Le Cameroun, malgré sa richesse en ressources hydrauliques, subit une crise énergétique aiguë. L’histoire de la gestion de l’énergie dans le pays est ternie par des choix politiques controversés et des défis structurels. Depuis le début des années 2000, plusieurs efforts ont été déployés pour moderniser le secteur, mais les résultats sont largement en deçà des attentes.
Des projets d’infrastructure, comme le barrage de Lom Pangar, visent à augmenter la capacité de production. Malheureusement, ils sont souvent freinés par des problèmes de financement, de corruption et une gestion inefficace. Les délestages électriques sont ainsi devenus une réalité cuas quotidienne pour de nombreux Camerounais, intensifiant une frustration déjà palpable à l’égard d’un gouvernement perçu comme déconnecté des réalités locales.
Des experts en énergie, tels que le professeur Jean-Claude Nguemou, préviennent que « la dépendance excessive aux ressources hydrauliques rend le système vulnérable aux variations climatiques ». Les sécheresses récurrentes continuent de peser lourdement sur la production d’électricité, aggravant une situation déjà critique.
Les défis de la gestion des infrastructures
Un autre obstacle majeur à la résolution des délestages réside dans l’état lamentable des infrastructures électriques. Les réseaux de distribution vieillissants et mal entretenus génèrent des pertes techniques et commerciales très élevées. Selon un rapport de la Société Nationale d’Électricité (SONATREL), près de 30% de l’électricité produite disparaît avant d’atteindre les consommateurs.
Par ailleurs, la gestion des infrastructures est souvent entravée par une bureaucratie lourde et une corruption omniprésente. Les projets de maintenance et d’extension des réseaux sont systématiquement retardés ou annulés, victimes de détournements de fonds. Le ministre de l’Énergie, affichant une « tranquillité déconcertante », semble ignorer ces réalités, laissant les citoyens dans l’obscurité.
Des témoignages poignants comme celui de Marie, une mère de famille à Yaoundé, en témoignent : « Nous avons des coupures d’électricité presque tous les jours. Cela affecte notre confort, notre travail et nos études. » Ces expériences illustrent l’impact direct des délestages sur la vie quotidienne des Camerounais.
Perspectives d’avenir et solutions potentielles
Face à cette crise énergétique, plusieurs solutions s’avèrent nécessaires. D’abord, diversifier les sources d’énergie permettra de diminuer la dépendance à l’hydroélectricité. Le développement de l’énergie solaire et éolienne pourrait fournir des alternatives viables. Bien que certaines initiatives privées émergent, un cadre réglementaire clair et incitatif est indispensable pour les soutenir.
Ensuite, la modernisation des infrastructures est primordiale. Investir dans des technologies de gestion intelligente de l’énergie peut réduire les pertes et augmenter l’efficacité du réseau. Des pays comme le Maroc, qui ont réussi à transformer leur secteur énergétique, peuvent servir de modèle pour le Cameroun.
Enfin, une gouvernance transparente et responsable est cruciale. L’implication citoyenne dans le processus décisionnel, associée à des mécanismes de contrôle efficaces, pourrait garantir une utilisation adéquate des fonds alloués à l’énergie. Comme l’affirme l’analyste politique Dr. Alain Tchouassi, « sans une volonté politique réelle et une implication citoyenne, les promesses resteront lettre morte. »
Les délestages électriques au Cameroun ne sont pas qu’un simple problème technique, mais représentent des défis plus larges pour le pays. Alors que le gouvernement poursuit ses multiples initiatives, la question demeure : jusqu’à quand les Camerounais devront-ils vivre dans l’obscurité, et quelles actions concrètes seront prises pour changer cette réalité ?
