LUBERIZI, SUD-KIVU — Un camion transportant une cargaison d’armes lourdes, légères et de munitions a été intercepté ce mardi 11 février, aux alentours de 21h30, dans la localité de Luberizi, située dans la plaine de la Ruzizi, territoire d’Uvira. Cette interception, menée par les combattants Wazalendo et soutenue par la population locale, met en lumière un nouvel épisode troublant dans la guerre qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Un convoi suspect et une révélation inquiétante

Le chauffeur du camion, intercepté avant même toute tentative de résistance, a rapidement avoué la nature de sa cargaison. Selon ses déclarations, pas moins de cinq autres camions avaient déjà emprunté le même itinéraire, tous chargés d’armes et de munitions.Alors que les Wazalendo et la population exigeaient des explications, des officiers des Forces armées de la RDC (FARDC) sont intervenus, tentant de bloquer l’inspection du camion. Cette tentative de dissimulation a cependant échoué face à la vigilance des résistants locaux.
Un trafic d’armes au cœur du conflit

D’après les révélations du chauffeur, la destination finale de ces armes ne faisait aucun doute : elles étaient destinées aux combattants du M23 et à leurs alliés, notamment les groupes Twirwaneho et Red Tabara, qui opèrent sous la bannière de l’armée rwandaise (RDF). L’objectif de ces livraisons serait de renforcer ces forces dans les territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, où les affrontements se multiplient.
Pourtant, face aux soupçons croissants, certains officiers des FARDC ont tenté de convaincre la population que ces armes appartenaient à l’armée loyaliste. Un mensonge rapidement démenti par le haut commandement militaire basé à Bukavu, qui a nié toute implication ou connaissance d’un tel transfert d’armements.
Un climat explosif et des tensions croissantes

Cette interception alimente davantage les soupçons sur les complicités internes et les canaux d’approvisionnement en armes des groupes armés actifs dans l’Est de la RDC. Dans un contexte où la méfiance entre la population et certains éléments des forces régulières ne cesse de croître, cet incident risque d’intensifier la colère populaire et d’encourager la résistance armée locale.
Alors que Kinshasa et ses alliés régionaux cherchent à neutraliser l’influence du M23 et de ses soutiens, cette nouvelle affaire relance le débat sur l’infiltration de l’appareil sécuritaire congolais et sur l’ampleur du soutien extérieur dont bénéficient ces groupes armés.
L’armée congolaise réagira-t-elle à cette alerte, ou cet énième signal d’un trafic d’armes clandestin restera-t-il sans suite ? Pendant ce temps, sur le terrain, les Wazalendo et les communautés locales semblent déterminés à ne pas laisser le contrôle de leur territoire leur échapper.