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Guinée : Bilan de Trois ans de transition

Genèse et perspectives

Le 5 septembre 2021, la Guinée a connu un tournant majeur avec le renversement du président Alpha Condé par un groupe de militaires dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya. Cet événement a marqué le début d’une période de pouvoir militaire en Guinée, avec des implications significatives pour la politique, les réformes et les perspectives du pays.

Contexte du coup d’État et motivations

Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010, avait modifié la Constitution en 2020 pour briguer un troisième mandat, une action qui a provoqué de vives tensions. Le coup d’État militaire du 5 septembre 2021, dirigé par Doumbouya, a été justifié par la corruption, la mauvaise gouvernance et la détérioration des conditions de vie. Doumbouya a promis un “nettoyage” de l’administration publique et le retour à une gouvernance plus transparente.

Le gouvernement de transition

Après le coup d’État, Mamadi Doumbouya est devenu le président de la transition. Le gouvernement militaire a mis en place des institutions de transition, notamment un gouvernement dirigé par le Premier ministre Mohamed Béavogui, et un Conseil national de transition (CNT) censé jouer le rôle d’organe législatif. Le mandat de cette transition a été fixé à trois ans, jusqu’en 2024, malgré la pression de la communauté internationale pour une transition plus rapide.

Les réformes engagées

Sous le régime de Doumbouya, plusieurs réformes importantes ont été initiées :

Réformes institutionnelles : Le Conseil national de transition (CNT) a été chargé de réviser la Constitution, qui doit refléter les aspirations du peuple guinéen. Cette nouvelle Constitution est encore en cours d’élaboration, avec des consultations publiques pour recueillir l’avis des citoyens.

Lutte contre la corruption : Le gouvernement de Doumbouya s’est attaqué à la corruption, mettant en place des enquêtes sur la gestion des ressources publiques sous le régime Condé. Plusieurs personnalités politiques et fonctionnaires ont été interpellés, notamment des proches de l’ancien président.

Réformes économiques : Des efforts ont été déployés pour réorganiser les secteurs clés de l’économie, en particulier l’exploitation des ressources minières. La Guinée, riche en bauxite, a vu une révision des contrats miniers pour obtenir de meilleures conditions pour l’État guinéen. Cela s’inscrit dans une volonté de diversifier l’économie et de réduire la dépendance aux exportations de matières premières.

Justice et réconciliation : Doumbouya a également insisté sur la justice pour les victimes des abus des régimes précédents. Un effort est en cours pour ouvrir les dossiers concernant les répressions sanglantes, notamment celles de 2009 sous Moussa Dadis Camara.

Les défis rencontrés

Malgré ces réformes, le gouvernement militaire fait face à plusieurs défis :

La légitimité internationale : Bien que Doumbouya ait tenté de rassurer la communauté internationale sur ses intentions de réformes, la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et d’autres partenaires ont exprimé des préoccupations quant à la durée de la transition. Des sanctions ont été imposées contre la Guinée, bien que ces dernières aient été allégées avec le temps.

Les tensions internes : Le pouvoir militaire doit également faire face à une opposition civile forte, avec des manifestations sporadiques contre la gestion du pouvoir et l’absence d’une feuille de route claire vers le retour à un régime civil. Des acteurs politiques comme le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) continuent de critiquer le régime pour l’absence de dialogue inclusif.

La stabilité économique : Si les réformes économiques sont louables, leur mise en œuvre est lente. La Guinée, largement dépendante de ses exportations de bauxite, reste vulnérable aux fluctuations du marché mondial. La diversification économique promise tarde à se concrétiser, et le chômage reste élevé.

Perspectives pour l’avenir

Les perspectives pour la Guinée sous le régime de Mamadi Doumbouya sont contrastées :

Retour à la démocratie : Le principal enjeu reste la tenue d’élections crédibles à la fin de la transition. Doumbouya a promis que les militaires ne resteraient pas au pouvoir après cette période, mais les observateurs sont sceptiques, étant donné l’histoire de transitions prolongées en Afrique de l’Ouest.

Modernisation des institutions : Si la révision constitutionnelle aboutit, la Guinée pourrait émerger avec des institutions plus solides et mieux adaptées aux réalités actuelles. Cependant, la capacité du gouvernement de transition à mener des réformes inclusives et à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions publiques sera cruciale.

Relations internationales : Sur le plan diplomatique, la Guinée cherche à renforcer ses relations avec des partenaires internationaux, notamment en Afrique et en Asie. La diversification des partenariats économiques, notamment avec la Chine et la Russie, pourrait permettre de réduire l’isolement du pays sur la scène internationale.

Conclusion

Après trois ans de pouvoir militaire, la Guinée se trouve à un carrefour crucial. Mamadi Doumbouya a entrepris des réformes importantes, mais les défis demeurent nombreux, notamment en ce qui concerne la légitimité internationale, la stabilité économique et la transition démocratique. Les prochains mois seront décisifs pour voir si la Guinée parvient à organiser des élections crédibles et à restaurer une gouvernance civile, tout en consolidant les acquis des réformes engagées.

https://www.france24.com/fr/afrique/20240905-guin%C3%A9e-trois-ans-apr%C3%A8s-la-chute-d-alpha-cond%C3%A9-une-transition-sans-fin

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