Quelles perspectives pour les relations franco-africaines en 2025 ?
Par Prince Bertoua
Un vent de souveraineté souffle sur le continent africain en ce début d’année 2025. Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, le Sénégal, le Tchad et la Côte d’Ivoire ont officiellement obtenu la fermeture des bases militaires françaises sur leurs territoires. Une décision qui marque un tournant historique dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. Mais au-delà de ce symbole fort, quelles seront les conséquences de cette rupture stratégique ?
Un rejet croissant de la présence militaire étrangère
Pour beaucoup d’Africains, la présence militaire française est perçue comme une réminiscence du passé colonial. Ce sentiment s’est amplifié ces dernières années, alimenté par un discours panafricaniste prônant l’indépendance totale vis-à-vis des anciennes puissances coloniales.
Au Sénégal, des manifestations populaires ont précédé la demande officielle du gouvernement pour la fermeture de la base de Dakar. Le président sénégalais a justifié cette décision par la volonté de « repenser les partenariats stratégiques dans le respect de la souveraineté nationale ».
Au Tchad, souvent présenté comme le pivot de l’opération militaire française au Sahel, la décision a surpris. Mais selon les analystes, elle reflète l’épuisement d’une population excédée par des années de conflit sans résultats tangibles.
En Côte d’Ivoire, cette fermeture s’inscrit dans un climat de contestation généralisée des accords de défense jugés déséquilibrés. Le président ivoirien a déclaré que « l’heure est venue pour l’Afrique de prendre en main sa sécurité ».
Un vide sécuritaire ou une opportunité ?
La fermeture des bases pose une question cruciale : qui prendra le relais dans la lutte contre le terrorisme et l’instabilité ? La France justifiait sa présence par la nécessité de lutter contre les groupes djihadistes et de stabiliser la région. Avec ce retrait, des craintes d’un vide sécuritaire émergent.
Cependant, des acteurs régionaux comme la CEDEAO, l’Union africaine et de nouveaux partenaires tels que la Turquie, la Russie ou encore la Chine, pourraient combler ce vide. Les pays concernés semblent également miser sur le renforcement de leurs propres forces armées et sur une coopération accrue avec d’autres États africains.
Un nouveau paradigme diplomatique
Pour la France, ce désengagement marque une remise en question de sa politique africaine. Le président français a récemment annoncé vouloir établir une « relation d’égal à égal » avec ses partenaires africains, tout en regrettant la montée de ce qu’il qualifie de « sentiment anti-français ».
En réalité, ce sentiment traduit un besoin d’émancipation. De nombreuses anciennes colonies réclament désormais des accords bilatéraux plus équilibrés, où les intérêts africains primeront sur les agendas étrangers.
L’Afrique à l’aube d’une nouvelle èreLe retrait des bases françaises s’inscrit dans une dynamique plus large de réaffirmation de la souveraineté africaine. Les initiatives économiques telles que la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) et l’émergence de nouvelles alliances stratégiques témoignent d’une Afrique en quête de repositionnement sur la scène internationale.
Pour les populations, cette nouvelle ère suscite autant d’espoir que de défis. Si les gouvernements parviennent à traduire cette souveraineté en progrès tangible, les relations entre la France et l’Afrique pourraient évoluer vers un partenariat plus mature et équilibré.
En attendant, une chose est certaine : le continent africain, en 2025, écrit une page décisive de son histoire. La France devra s’adapter ou risquer de perdre son influence dans cette nouvelle Afrique résolument tournée vers l’avenir.
« L’avenir de l’Afrique appartient aux Africains », disait Kwame Nkrumah. Jamais cette prophétie n’aura semblé aussi proche de se réaliser.
