vendredi 15 novembre 2024
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Obstacles aux réformes et dialogue inclusif au gouvernement

Obstacles institutionnels à la refondation nationale au Gabon

Une gouvernance complexe et déroutante

La mise en œuvre des réformes nécessaires à la refondation nationale au Gabon est freinée par une gouvernance chaotique, caractérisée par des structures institutionnelles superposées qui engendrent confusion et inefficacité. Le 2 novembre 2024, le Syndicat national des enseignants chercheurs, section École normale supérieure (SNEC-ENS), a dénoncé une cotutelle jugée « toxique » entre le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur. Ce manque de clarté administrative, associé à une défaillance financière dans le secteur de l’éducation, complique la gestion quotidienne de l’École normale supérieure.

Le Pr. Janvier Hilaire Nyangone, président du SNEC-ENS, a mis en lumière que la double tutelle provoque une confusion administrative et nuit à l’efficacité des opérations. À l’absence de soutien financier de l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur doit en assumer l’ensemble des charges, créant ainsi un déséquilibre défavorable. Ce manque de coordination est révélateur d’une gouvernance en quête de modernisation, loin de s’adapter aux exigences du présent.

Les conséquences de cette situation sont significatives : elle retarde l’innovation pédagogique et compromet la qualité de l’enseignement supérieur. Il est donc crucial de revoir, voire de suspendre, cette cotutelle afin d’éviter une crise qui affecterait l’intégralité du système éducatif gabonais.

Défis structurels et technologiques

Un défi supplémentaire à la refondation nationale se trouve dans les difficultés structurelles et technologiques qui pèsent sur le Gabon. L’instauration du Compte Unique du Trésor (CUT), vitale pour la gestion des finances publiques, est entravée par des infrastructures technologiques insuffisantes. Pour une mise en œuvre efficace du CUT, des systèmes d’information financière performants sont indispensables pour gérer les flux financiers en temps réel. Toutefois, le pays accuse un retard technologique qui complique considérablement cette démarche.

Par ailleurs, la résistance au changement au sein des institutions publiques constitue un obstacle majeur. Les fonctionnaires, bien souvent attachés à des pratiques peu transparentes, peuvent rechigner à adopter de nouvelles méthodes de gestion budgétaire. Cette résistance, alimentée par la peur de l’inconnu et le manque de formation adéquate, souligne la nécessité cruciale d’une sensibilisation et d’une formation des agents publics pour garantir leur adhésion à cette nouvelle approche.

Sans une volonté politique tangible et un engagement fort en faveur de la modernisation des infrastructures, le Gabon risque de stagner dans un système dépassé, incapable de faire face aux exigences d’une gestion publique efficace et transparente.

Problèmes éducatifs et sociaux

Les réformes éducatives, bien qu’elles soient indispensables, se heurtent également à des obstacles institutionnels qui entravent leur mise en œuvre. Selon Joachim Ondjila Ognele, inspecteur général des services, le Gabon affiche un taux de redoublement alarmant de 41 % en classe de 6ème, le plaçant parmi les pays africains les plus touchés par l’échec scolaire. Bien qu’on affiche un taux de scolarisation de 90 %, la transition entre le primaire et le secondaire est problématique, exacerbée par des disparités pédagogiques qui créent des lacunes chez les élèves.

Les réformes telles que l’Approche par les compétences (APC), mise en place en 2024, visent à mieux répondre aux besoins des élèves, mais elles sont confrontées à des défis opérationnels majeurs. L’infrastructure déficiente, conjuguée à des établissements scolaires surchargés, complique l’application efficace de ces réformes. De plus, le manque d’enseignants qualifiés et des conditions d’apprentissage précaires aggravent le tableau, rendant l’environnement éducatif peu favorable à l’épanouissement des élèves.

Ces enjeux éducatifs ne se limitent pas à des défis institutionnels ; ils posent également de véritables questions sociales nécessitant une attention immédiate. La qualité de l’éducation est directement liée à l’avenir du pays, et sans une réforme systématique bien pensée, le Gabon risque de compromettre son développement à long terme.

Vers une refondation nationale réussie ?

Les obstacles institutionnels à la refondation nationale au Gabon sont nombreux, englobant complexité de la gouvernance, défis structurels et enjeux éducatifs. Pour surmonter ces obstacles, le gouvernement doit impérativement adopter une approche intégrée, impliquant tous les acteurs concernés. Cela nécessite une volonté politique affirmée, la mobilisation des ressources et la sensibilisation des agents publics aux nouvelles méthodes de gestion.

Simultanément, la société civile doit jouer un rôle actif dans ce processus de réforme, veillant à ce que la voix des citoyens soit entendue et prise en compte. La transparence et la responsabilité doivent devenir des piliers de la gouvernance gabonaise, afin de restaurer la confiance du public envers les institutions.

Reste à savoir si le Gabon est prêt à relever ces défis et à engager une vraie refondation nationale. Les réponses à cette question détermineront non seulement l’avenir du pays, mais aussi son potentiel de développement durable et inclusif.

Tensions sociales et politiques au Gabon : un obstacle au dialogue inclusif

Contexte historique et politique du Gabon

Le Gabon, riche en ressources naturelles, a été marqué par une gouvernance autoritaire, notamment sous le régime d’Ali Bongo Ondimba, qui a duré près de 14 ans. Ce contexte a généré des frustrations croissantes parmi la population, exacerbées par des inégalités sociales et économiques. Le coup d’État militaire du 30 août 2023, qui a renversé Bongo, a ouvert une nouvelle ère politique tout en mettant en exergue les tensions ethniques et politiques latentes.

Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a été mis en place pour gérer cette transition. Cependant, la présence marquée de membres du Parti Démocratique Gabonais (PDG) dans ce gouvernement de transition suscite des controverses. Nombreux sont les Gabonais qui perçoivent ce contexte comme une prolongation du régime Bongo, ce qui complique la légitimité du CTRI et sa capacité à instaurer un dialogue inclusif.

Les tensions ethniques, particulièrement exacerbées lors des élections, viennent se greffer à cette dynamique. Les clivages entre les différentes ethnies, souvent instrumentalisés par des acteurs politiques, rendent difficile l’instauration d’un consensus national. Les appels à transcender ces divisions, comme ceux d’Honorine Ngou, soulignent l’urgence d’une approche inclusive pour prévenir des crises similaires à celles observées dans d’autres pays de la région.

Les défis du dialogue inclusif face aux tensions ethniques

Les tensions ethniques au Gabon, loin d’être nouvelles, se sont intensifiées depuis le coup d’État. Le CTRI doit jongler entre les attentes de la population et les réalités politiques héritées de l’ancien régime. Les inégalités ethniques, souvent exacerbées par des promesses non tenues, contribuent à un climat de méfiance envers le gouvernement de transition.

Les critiques à l’égard du CTRI, souvent qualifié de « PDG en treilli », illustrent cette méfiance croissante. Des figures politiques comme Maître Anges Kevin Nzigou et Bertrand Zibi Abeghe dénoncent cette alliance apparente comme une trahison des aspirations populaires. En conséquence, le CTRI est confronté à une opposition qui remet en question sa capacité à représenter l’ensemble de la population gabonaise.

Lorsque les tensions ethniques ne sont pas résolues, elles risquent de mener à des conflits ouverts. Les exemples de pays voisins, tels que la République Centrafricaine ou le Soudan, portent témoignage des violences que peuvent engendrer des divisions non maîtrisées. Ainsi, le CTRI a une opportunité d’effectuer des réformes significatives pour apaiser ces tensions, à condition de faire preuve d’une volonté politique forte et d’un engagement sincère en faveur de l’équité.

Perspectives d’avenir et nécessité d’un dialogue inclusif

Pour que le Gabon puisse avancer vers une réelle réconciliation nationale, le CTRI doit adopter une approche proactive en matière de dialogue inclusif. Cela implique de réellement écouter les préoccupations des diverses communautés tout en mettant en œuvre des politiques qui favorisent l’équité et la justice sociale. Les réformes doivent apparaître comme des actions concrètes destinées à réduire les inégalités et à promouvoir la cohésion sociale.

Les appels à l’exclusion des ministres affiliés au PDG du gouvernement, comme le propose Dr. Jean Delors Biyogue, mettent en lumière l’urgence d’une rupture avec le passé. Néanmoins, une telle approche doit être tempérée par un désir de bâtir des ponts entre les différentes factions politiques et ethniques. Le dialogue doit demeurer inclusif, impliquant l’ensemble des parties prenantes, y compris les groupes de la société civile, afin que les voix marginalisées soient également entendues.

Au final, les tensions sociales et politiques au Gabon posent un défi considérable pour le gouvernement de transition. La capacité d’établir un dialogue inclusif dépendra de la volonté des dirigeants de surmonter les clivages ethniques et de répondre aux attentes d’un peuple en quête de justice et d’équité. Quelles seront les prochaines étapes pour le CTRI ? Sera-t-il à même de transformer ces défis en opportunités pour bâtir un avenir meilleur ?

Mobilisation et légitimité : Stratégies du gouvernement gabonais

Une tournée républicaine pour renforcer le lien social

À compter du 28 octobre 2024, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition au Gabon, a initié une mini-tournée républicaine. Cette démarche vise à établir un contact direct avec les citoyens, recueillir leurs attentes et les sensibiliser au référendum constitutionnel prévu le 16 novembre. Les étapes de cette tournée incluent des visites à Gamba, Fougamou, Mbigou, Lebamba, ainsi que plusieurs quartiers de Libreville.

Cette forme d’engagement direct revêt une importance capitale dans un contexte où la confiance entre le gouvernement et la population est souvent mise à mal. En visitant diverses localités, le président démontre que son administration est à l’écoute des préoccupations des Gabonais. Les discours tenus lors de ces visites ont pour but d’informer la population sur les enjeux du référendum et d’encourager une participation active.

Ces visites sur le terrain favorisent aussi un dialogue continu entre le gouvernement et les citoyens, renforçant la légitimité des actions gouvernementales. En impliquant directement les populations dans le processus de transition, le gouvernement aspire à construire une cohésion sociale essentielle à la stabilité politique du pays.

Une campagne de sensibilisation inclusive

Le gouvernement gabonais a également lancé une campagne de sensibilisation nationale, initiée par le ministère de l’Intérieur le 2 octobre 2024. Sous le slogan « Unis, nous sommes plus forts », cette initiative a pour but d’informer les citoyens sur leurs droits et responsabilités en période électorale. Le ministre de l’Industrie, François Mbongo Rafemo Bourdette, a récemment animé une réunion citoyenne à Port-Gentil afin de discuter des enjeux du référendum, rassemblant des personnalités politiques et des citoyens.

Cette campagne se révèle cruciale pour s’assurer d’un vote éclairé et renforcer la confiance entre les institutions et la population. En éduquant les Gabonais sur les implications de la nouvelle Constitution, le gouvernement cherche à susciter un engagement collectif autour de ce processus de réforme. Cela revêt d’autant plus d’importance dans un contexte où des préoccupations d’abstention électorale sont présentes, notamment à cause de la saison des pluies et des obligations scolaires.

Les efforts de sensibilisation sont soutenus par la possibilité pour les électeurs de modifier leur centre de vote, une mesure annoncée par le ministre de l’Intérieur pour faciliter la participation électorale. Cette flexibilité constitue un signe indéniable de l’engagement du gouvernement à veiller à ce que chaque voix compte lors du référendum.

Transparence et crédibilité du processus électoral

Pour renforcer la légitimité de ses actions, le gouvernement a décidé d’autoriser la présence d’observateurs internationaux lors du référendum constitutionnel. Cette décision, annoncée par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, vise à apporter transparence et crédibilité au processus électoral. En effet, l’article 161 du nouveau code électoral permet aux observateurs internationaux d’assister aux élections, ce qui marque un changement par rapport à la politique de l’ancien gouvernement qui prohibait leur présence.

Cette ouverture à l’observation internationale est un signal fort de la volonté du gouvernement de garantir un scrutin transparent et équitable. Elle a pour objectif de rassurer les citoyens quant à l’intégrité du processus électoral et de renforcer leur confiance dans les institutions. En permettant une surveillance extérieure, le gouvernement espère également apaiser les craintes liées à d’éventuelles manipulations électorales.

La campagne électorale pour le référendum, qui débutera le 6 novembre et se poursuivra jusqu’au 15 novembre, se caractérisera également par des bulletins de vote distincts pour le « oui » et le « non ». Cette clarté dans le processus de vote est essentielle pour encourager une participation active et informée des citoyens.

Les stratégies déployées par le gouvernement gabonais dans le but de mobiliser le soutien de la population et de renforcer la légitimité de ses actions sont variées et ambitieuses. En favorisant le dialogue, en sensibilisant les citoyens et en garantissant la transparence du processus électoral, le gouvernement cherche à établir une base solide pour une transition réussie. Cependant, une question persiste : ces efforts seront-ils suffisants pour surmonter la méfiance et l’abstention qui menacent le processus électoral gabonais ?

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