Dans un pays longtemps figé dans la routine des mêmes visages et des mêmes pratiques, un souffle de renouveau vient de balayer les travées du palais du Bord de Mer. Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a sonné l’heure du changement réel en procédant, ce jeudi 8 mai, à un profond remaniement de son premier cercle. Une vague de près de 80 nominations à la présidence, symbole éclatant d’une volonté de rompre avec les réflexes de l’ancien système.
Ce premier conseil des ministres du gouvernement post-transition n’a pas seulement marqué un tournant administratif, il a été l’acte politique fort d’un homme d’État décidé à inscrire son action dans la rupture, la compétence et la légitimité populaire. Exit les figures de la transition, place à une nouvelle garde, plus diverse, plus technocratique, mais surtout alignée sur la vision de refondation portée par le chef de l’État.
Le poids des symboles, la force des actes
Guy Rossatanga-Rignault, intellectuel chevronné mais homme de l’ancien monde, cède le poste stratégique de secrétaire général de la présidence à Murielle Minkoue Mintsa, figure montante de la réforme. Déjà remarquée pour sa rigueur durant le dialogue national, elle incarne ce pont entre les aspirations populaires exprimées dans la rue et leur traduction institutionnelle. C’est elle qui aura désormais la lourde mission d’orchestrer l’action présidentielle, bras droit d’un président en quête d’efficacité.
À la tête du cabinet privé, Virginia Waura Eteno remplace Victorine Tchicot. Un changement qui réaffirme l’importance accordée à la loyauté politique doublée d’un sens aigu de la coordination stratégique. Autre geste fort : la nomination de Marie-Edith Tassyla-Ye-Doumbeneny, jusqu’ici ambassadrice à Paris, au poste de chef du protocole. Une diplomate expérimentée au cœur des affaires présidentielles, preuve d’un recentrage vers le professionnalisme et l’élégance républicaine.
Un cabinet réorganisé pour mieux gouverner
Dans le domaine névralgique de la communication, Patricia Lydie Mouele, issue de la télévision nationale Gabon 1ère, et Théophane Biyoghe, ex-porte-parole de campagne, héritent d’une mission capitale : redonner sens et crédibilité à la parole présidentielle dans un paysage médiatique encore fracturé par les années de défiance.
Si la garde républicaine demeure inchangée, avec le maintien du général Antoine Balakidra, c’est moins par inertie que par volonté de stabilité dans un secteur hautement sensible.
L’esprit du changement n’est plus une promesse : il s’installe dans les faits
Oligui Nguema, souvent perçu comme un militaire au profil atypique, semble désormais déterminé à entrer dans l’histoire non pas comme un homme de transition, mais comme un bâtisseur de République. Le renouvellement de son entourage immédiat est un signal clair : il n’y aura pas de demi-mesure. La nouvelle constitution, le dialogue national, la moralisation de la vie publique… tout cela doit désormais se traduire dans la gouvernance quotidienne.
Dans un pays fatigué des discours, les actes prennent toute leur valeur. Et ce 8 mai 2025, le Gabon a vu, peut-être pour la première fois depuis longtemps, le pouvoir oser se réinventer par le haut.Un vent d’espoir souffle. Reste à savoir si les promesses du renouveau tiendront face aux vents contraires de l’immobilisme.
