Windhoek, 9 février 2025 – La Namibie pleure l’un de ses plus illustres fils. Sam Nujoma, père de l’indépendance et premier président du pays, s’est éteint hier soir dans un hôpital de Windhoek à l’âge de 95 ans. Son décès marque la fin d’une époque et ravive le souvenir d’une lutte héroïque pour l’émancipation d’un peuple.
Un combattant de la liberté devenu chef d’État
Sam Shafiishuna Nujoma, né le 12 mai 1929, est l’architecte de l’indépendance namibienne. Fondateur et leader historique de la SWAPO (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain), il a dirigé la résistance contre le régime d’apartheid sud-africain pendant plus de trois décennies. Exilé dans les années 1960, il mène la lutte depuis l’Angola et la Zambie, obtenant le soutien des grandes puissances africaines et internationales.
En 1990, après de longues négociations et sous l’égide de l’ONU, la Namibie accède enfin à l’indépendance. Nujoma devient le premier président du pays et pose les fondations d’un État moderne, démocratique et stable. Son leadership, bien que parfois critiqué pour son autoritarisme, a permis d’éviter le chaos et d’amorcer un développement économique durable.
Un héritage controversé mais indélébile

Sam Nujoma restera une figure clivante mais incontournable. Réélu deux fois, il quitte officiellement le pouvoir en 2005, laissant la place à son successeur Hifikepunye Pohamba. Malgré son retrait, il garde une influence forte sur la vie politique namibienne et demeure une référence pour les générations futures.
Son engagement pour l’unité africaine, son discours panafricaniste et son charisme ont marqué l’histoire. Mais certains lui reprochaient une gouvernance autoritaire, une gestion opaque des ressources naturelles et un culte de la personnalité qui a longtemps pesé sur la vie politique du pays.
Une nation en deuil

Dès l’annonce de son décès, des hommages ont afflué du monde entier. Le président en exercice, Nangolo Mbumba, a salué « un père fondateur, un combattant infatigable et un visionnaire dont l’héritage survivra à travers les générations ». L’Union africaine, à travers son président Moussa Faki Mahamat, a évoqué « un panafricaniste inébranlable et un leader dont la contribution à la libération de l’Afrique restera gravée dans l’histoire ».
Les drapeaux ont été mis en berne, et un deuil national de plusieurs jours pourrait être décrété. Les funérailles d’État, qui s’annoncent grandioses, devraient voir la présence de nombreux chefs d’État africains et d’anciens alliés de la lutte indépendantiste.
Une figure historique s’en va, une légende demeure

Sam Nujoma était plus qu’un homme politique. Il était le symbole de la résilience et de la quête d’émancipation. Avec son départ, c’est une page de l’histoire de la Namibie qui se tourne. Mais son héritage, lui, survivra dans chaque institution, chaque route, chaque école et chaque citoyen fier de son pays libre.
Que son âme repose en paix.