Unité nationale au Cameroun : Initiatives, Défis et Opportunités
Les Initiatives pour l’Unité Nationale
Depuis des années, le Cameroun est confronté à des clivages ethniques et régionaux qui menacent sa cohésion sociale. En réponse, le président Paul Biya a mis en place plusieurs initiatives pour promouvoir l’unité nationale. Le plan national d’éducation et de formation à la culture citoyenne, dévoilé en mai 2023 par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, se démarque. Ce plan vise à sensibiliser la population aux dangers de la haine tribale et à encourager une culture de paix.
Parallèlement, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme joue un rôle essentiel en renforçant l’unité à travers la valorisation des langues et des cultures. Cette initiative cherche à favoriser le respect des différences tout en maintenant la paix dans un pays riche de ses 250 groupes ethniques. Des mesures législatives ont également été mises en place pour punir les discours incitant à la violence ethnique, témoignant d’une volonté ferme de combattre le tribalisme.
Une autre initiative inspirante provient de Nourane Foster, députée du PCRN, qui plaide pour l’adoption d’une langue nationale camerounaise. Elle propose de créer une Académie des langues nationales pour étudier les langues locales et soumettre une langue à référendum. Cette démarche vise à renforcer l’identité nationale et à dépasser les clivages hérités de l’histoire coloniale.
Défis à l’Unité Nationale
Malgré les efforts entrepris, le Cameroun doit surmonter d’importants défis qui compliquent l’unité nationale. Les clivages ethniques, souvent instrumentalisés par les élites politiques, sont profondément enracinés depuis l’arrivée de Paul Biya au pouvoir en 1982. Pierre Laverdure Ombang, journaliste camerounais, souligne que ces divisions sont institutionnalisées, rendant toute initiative d’unité particulièrement délicate. Le tribalisme, un poison pour la cohésion sociale, nuit également à l’émergence d’un projet commun.
Les tensions dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest aggravent encore la situation. Les conflits autour de l’identité linguistique et culturelle, ainsi que la violence politique, instaurent un climat de méfiance. Mamadou Mota, premier vice-président du MRC, exhorte à rejeter le tribalisme pour bâtir un Cameroun uni, mais en réalité, les discriminations persistent, alimentant un sentiment d’inégalité parmi les citoyens.
La propagation des discours de haine sur les réseaux sociaux et dans certains médias représente une menace significative pour la cohésion nationale. Le président Biya a lui-même reconnu que le clanisme, le tribalisme et le régionalisme menacent gravement la stabilité des institutions. Un sursaut patriotique est ainsi plus que jamais nécessaire.
Opportunités pour l’Avenir
Malgré ces défis, des opportunités émergent pour renforcer l’unité nationale au Cameroun. La diversité culturelle, souvent perçue comme une barrière, peut devenir un atout pour le développement. Le président Biya a affirmé que cette diversité doit être célébrée et intégrée dans les dynamiques économiques et sociales. En mettant en avant les spécificités culturelles, le Cameroun peut forger une identité nationale solide, dépassant les clivages ethniques.
De plus, le contexte préélectoral actuel offre une occasion de rassembler les citoyens autour d’un projet commun. Les initiatives de dialogue, telles que celles du Grand Dialogue national en 2019, peuvent servir de modèle pour une participation inclusive. Joshua Osih, candidat du SDF à la présidentielle d’octobre 2025, incarne un nouveau souffle politique en plaidant pour une valorisation des cultures locales et une justice sociale.
Enfin, l’implication des jeunes dans des initiatives de paix et de réconciliation est cruciale pour construire un Cameroun uni. En éduquant la jeunesse à penser en termes de nation plutôt qu’en clans, on peut rompre le cycle des divisions et promouvoir un avenir basé sur l’égalité des droits et des devoirs entre tous les citoyens.
Alors que le Cameroun se prépare pour les élections de 2025, la question de l’unité nationale reste cruciale. Les initiatives existantes sont-elles suffisantes pour surmonter les défis actuels ? Comment les citoyens peuvent-ils participer à cette transformation sociale ? L’avenir du Cameroun dépendra de la capacité de ses dirigeants et de sa population à bâtir des ponts plutôt que des murs.
