L’équation cruciale du président Oligui Ngue
La découverte récente de 56 millions de barils de brut au large de Mayumba, couplée à l’intensification de l’exploitation du fer, pourrait symboliser une aube nouvelle pour le Gabon. Mais derrière cette promesse de prospérité, une question tenace demeure : comment s’assurer que ces richesses se traduisent enfin par un mieux-vivre dans les foyers gabonais ?
Depuis son élection le 12 avril dernier, le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a su conquérir les cœurs par un discours de rupture et de justice, se retrouve face à un défi historique : mettre fin à l’injustice économique qui transforme un pays riche en ressources en un peuple aux assiettes souvent vides.
L’or noir et le fer rouge : des bénédictions piégées ?
Le pétrole, longtemps capté par des élites politiques alliées à des multinationales opaques, n’a jamais véritablement irrigué l’économie réelle. Le fer, lui, est resté une promesse enfouie dans le sous-sol. Aujourd’hui, la donne change. Mais sans une réforme de la gouvernance économique, ces découvertes ne feront que renforcer la « malédiction des ressources ».
Comment passer du brut à la baguette de pain ?
Créer un fonds souverain transparent : Le président pourrait s’inspirer du modèle norvégien. Une part des revenus pétroliers et miniers serait stockée dans un fonds destiné à financer l’agriculture, la santé et l’éducation, avec une traçabilité publique.
Renforcer l’État régulateur : L’État doit cesser d’être un acteur passif. Il faut imposer des clauses de contenu local aux compagnies extractives : emploi de Gabonais, formations, infrastructures sociales dans les zones d’extraction.
Investir massivement dans l’agriculture vivrière : Il ne suffit pas de trouver du pétrole. Il faut planter du manioc. Subventionner les coopératives, irriguer les terres, moderniser les outils : le pétrole doit financer la terre, car c’est la terre qui nourrit.
Redistribution directe : Pourquoi ne pas imaginer un dividende citoyen ? Une allocation trimestrielle issue des revenus miniers versée à chaque Gabonais. Radical ? Peut-être. Mais cela redonnerait un sens au mot « ressources nationales ».
Un président à l’épreuve de l’histoire
Brice Clotaire Oligui Nguema a promis de « refonder la République ». Le peuple l’observe. Il ne s’agira pas seulement de construire des routes ou de rénover les casernes. Il faudra remplir les marmites, rétablir la dignité et libérer le potentiel du Gabonais ordinaire.
Car au bout du compte, ce n’est ni le baril ni la tonne de fer qui feront l’histoire. Ce sera la capacité du nouveau pouvoir à transformer l’or souterrain en or humain : l’éducation, la santé, le travail digne et le simple bonheur de manger à sa faim.
