Alors que la campagne présidentielle gabonaise bat son plein, les principaux candidats affûtent leurs stratégies pour séduire l’électorat. Deux figures dominent cette course : le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, et l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Leurs premières apparitions publiques illustrent des approches radicalement différentes, témoignant d’une bataille électorale où l’image et la symbolique pèsent lourd.
Oligui Nguema : la démonstration de force

Brice Clotaire Oligui Nguema a choisi le stade de l’Amitié Sino-Gabonaise, situé dans la banlieue nord d’Akanda, pour lancer sa campagne. Une foule compacte, venue en masse, a accueilli celui qui incarne la transition post-Bongo. Ce choix stratégique rappelle les grands rassemblements des leaders en position de force, où l’unité et la mobilisation de masse servent à asseoir une légitimité populaire et institutionnelle.
En optant pour un tel lieu, Oligui Nguema cherche à afficher sa capacité à fédérer, à rassembler les foules et à se présenter comme le candidat du peuple. Il mise sur l’image d’un dirigeant en pleine maîtrise de la situation, à la tête d’un appareil d’État encore largement sous son influence.
Bilie-By-Nze : le pari de la proximité

À l’opposé, Alain-Claude Bilie-By-Nze a choisi de se rendre à Sotega, un quartier sous-intégré de Libreville, où inondations et précarité rythment le quotidien des habitants. Botte aux pieds, affrontant mares d’eau et boue laissées par les récentes inondations, l’ancien Premier ministre a voulu incarner la proximité et le contact direct avec le « Gabon d’en bas ».
Ce choix, bien que plus modeste en apparence, est hautement stratégique. En adoptant une posture de terrain, il envoie un message fort : celui d’un candidat conscient des souffrances de la population et prêt à s’attaquer aux problèmes concrets. Cette approche s’oppose à la grandeur et à la mise en scène des discours de masse et vise plutôt à susciter une adhésion plus intime et émotionnelle.
Deux visions, un même objectif

Cette divergence de styles révèle des conceptions différentes du pouvoir et de la manière d’aborder l’électorat. D’un côté, Oligui Nguema, fort de son rôle de chef de l’État, mise sur la puissance et l’autorité. De l’autre, Bilie-By-Nze, en quête de légitimité après avoir servi sous le régime déchu, tente de se réinventer en figure du peuple.
L’enjeu de cette campagne reste immense. Entre continuité et rupture, entre institutionnalisation et proximité, les électeurs gabonais devront choisir la vision qui leur semble la plus à même de répondre aux défis du pays. La bataille ne fait que commencer, et chaque apparition publique façonnera un peu plus le rapport de force jusqu’au scrutin du 12 avril.