Défis et opportunités de la CEMAC face à l’inflation et au surendettement
Un contexte économique préoccupant
La Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) est à un tournant décisif. L’inflation est galopante, accompagnée d’un risque de surendettement. Les chefs d’État de la région, réunis à Yaoundé le 16 décembre 2024, font face à des indicateurs alarmants, tandis qu’un taux de croissance positif semble masquer une crise sous-jacente. L’inflation dépasse déjà le seuil de convergence, suscitant des inquiétudes légitimes pour la stabilité économique à long terme.
La situation est particulièrement préoccupante pour des pays comme le Cameroun, le Congo et la République Centrafricaine. Ces nations subissent des déséquilibres budgétaires rendant leur capacité à rembourser leurs créanciers très incertaine. Prenons l’exemple du Congo-Brazzaville, presque en cessation de paiement, tandis que la Guinée Équatoriale sombre dans la récession. La dépendance excessive aux exportations de matières premières, notamment le pétrole dont les prix s’effondrent, aggrave encore les fragilités économiques de la CEMAC.
Christian Ntimbane Bomo, une figure politique camerounaise, souligne une réalité préoccupante : le Cameroun importe plus de 90 % de ses besoins. Cette situation crée une pression insupportable sur la nécessité de devises. Pour maintenir le flux d’importations, le pays doit vendre des produits à l’international, pourtant la chute des exportations complique cette tâche. La crise des devises révèle un véritable cercle vicieux, mettant en lumière les défis structurels à surmonter.
Les mesures d’austérité et leurs implications
Face à la tempête économique, les dirigeants de la CEMAC envisagent des mesures d’austérité, dont la dévaluation du Franc CFA, la réduction des subventions sur les carburants et une compression des dépenses publiques. Bien que ces mesures soient présentées comme vitales pour assurer la soutenabilité de la dette, leur impact sur le pouvoir d’achat des citoyens reste une préoccupation majeure. Une telle réduction pourrait exacerber la fragilité des ménages déjà éprouvés par l’inflation.
Bomo, en critiquant ces réformes, appelle à une exploitation responsable des ressources minières en or et en diamant. Ces richesses pourraient diversifier l’économie et atténuer la dépendance aux importations. Mais pour que ces stratégies voient le jour, il faut une volonté politique déterminée et une coordination régionale qui fait actuellement cruellement défaut.
Experts et analystes s’accordent à dire que la CEMAC doit intensifier ses efforts pour redresser des agrégats économiques dégradés. Cela implique des réformes structurelles profondes, une gestion optimisée des ressources naturelles et une véritable diversification économique. En 2016, des défis similaires avaient déjà été relevés, mais la question demeure : les leçons ont-elles été apprises ?
Opportunités à saisir pour un avenir meilleur
Malgré ces défis vertigineux, des opportunités se profilent à l’horizon pour la CEMAC. La richesse minière de la région, si elle est exploitée de manière durable, pourrait constituer une alternative incontournable aux exportations pétrolières. L’exploitation de l’or et du diamant pourrait engendrer des flux de devises nécessaires, réduisant ainsi la dépendance aux importations et améliorant la balance des paiements.
La coopération régionale apparaît donc comme un levier essentiel. En unissant leurs forces, les pays de la CEMAC peuvent concevoir des stratégies communes permettant de diversifier leurs économies. Une telle approche pourrait stimuler le commerce intra-régional, diminuant ainsi la vulnérabilité face aux marchés extérieurs.
Enfin, l’engagement concerté des dirigeants pour surmonter ces défis pourra stimuler la confiance des investisseurs. Une gouvernance claire, associée à des réformes économiques judicieuses, pourrait attirer des capitaux étrangers, incontournables pour alimenter la croissance et la création d’emplois. La transformation des défis en opportunités dépendra de la capacité des États à adopter des politiques durables, garantes de prospérité à long terme.
La CEMAC est donc à la croisée des chemins. Les décisions prises lors du sommet de Yaoundé auront des répercussions durables sur l’avenir économique de la région. Les dirigeants seront-ils en mesure de franchir les obstacles actuels et de saisir les occasions qui se présentent à eux ? La réponse à cette question déterminera la trajectoire économique de la CEMAC dans les années à venir.