Défis de l’infrastructure ferroviaire en RDC
Un accident révélateur
Le 29 septembre 2025, un tragique accident ferroviaire a eu lieu à la frontière entre le Maniema et le Tanganyika, mettant en évidence les graves insuffisances de l’infrastructure ferroviaire en République Démocratique du Congo (RDC). Un train de marchandises de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), transportant également des passagers, a quitté les rails, entraînant la mort de deux personnes, dont un agent du Corps de surveillance (CORSU) et un commerçant. Cet événement tragique n’est pas un fait isolé, mais bien le reflet d’un système ferroviaire en crise.
Les causes de cet accident restent floues. Cependant, il est primordial d’examiner le contexte historique et technique de la SNCC. Héritière d’un réseau ferroviaire vieillissant issu de l’époque coloniale, la SNCC fait face à des infrastructures négligées durant des décennies. Ces dernières, souvent obsolètes, résultent d’un manque d’investissement et d’une gestion inefficace, aggravée par des conflits internes et une corruption endémique.
Ce drame soulève des questions cruciales sur la sécurité des passagers et la fiabilité des transports en RDC. Les témoignages de rescapés et de proches des victimes révèlent une inquiétude croissante concernant la sécurité des voyages ferroviaires, considérés comme une alternative économique mais souvent risquée.
Les défaillances techniques de la SNCC
Les défaillances techniques de la SNCC sont bien documentées. Un rapport de l’Inspection générale des finances de 2021 révèle que près de 70 % des locomotives et wagons sont dans un état de délabrement avancé. Les pannes fréquentes et les retards s’accumulent, plongeant les usagers dans des conditions de voyage précaires. Cette inadéquation a un impact direct sur l’économie locale, perturbant le transport de marchandises essentielles et augmentant les coûts pour les commerçants.
Les experts en transport soulignent que la vétusté des infrastructures ferroviaires en RDC va au-delà d’un simple problème technique; c’est un défi de développement. La Banque mondiale affirme que l’amélioration des infrastructures de transport pourrait favoriser la croissance économique et combattre la pauvreté. Toutefois, cela nécessite des investissements considérables et une réforme structurelle de la SNCC.
Des initiatives telles que des partenariats public-privé ont été proposées pour moderniser le réseau ferroviaire. Cependant, la mise en œuvre de ces projets est souvent entravée par des problèmes de gouvernance et un manque de transparence. Les acteurs du secteur plaident pour une responsabilité accrue des autorités congolaises pour garantir sécurité et efficacité dans le transport ferroviaire.
Vers une réforme nécessaire
Face à ces défis, une réforme profonde du système ferroviaire congolais s’impose. Cela requiert non seulement des investissements dans l’infrastructure, mais aussi une révision des pratiques de gestion au sein de la SNCC. La formation du personnel, l’introduction de nouvelles technologies et l’amélioration des normes de sécurité doivent être prioritaires.
Des exemples de réussite en Afrique, comme ceux du Kenya et de l’Éthiopie, où des projets ferroviaires modernes ont été mis en œuvre, offrent un modèle à la RDC. Ces expériences nécessitent pourtant un engagement politique solide et une volonté de changement.
En somme, l’accident du 29 septembre 2025 doit servir de catalyseur pour éveiller les consciences sur l’état de l’infrastructure ferroviaire en RDC. Les défis sont nombreux, mais les perspectives de transformation le sont tout autant. Pour construire un réseau ferroviaire sûr et efficace, les autorités, les investisseurs et la société civile doivent collaborer afin de soutenir le développement économique du pays.
