Préoccupations environnementales et sécuritaires à Libreville
Impact sur l’écosystème fragile des mangroves
Le projet de parc d’agrégats au nord de Libreville soulève des inquiétudes cruciales concernant la préservation des mangroves, ces écosystèmes vitaux et fragiles. Réputées pour leur biodiversité, elles jouent un rôle fondamental dans la protection des côtes. Louis Léandre Ebobola Tsibah, expert en environnement, met en garde : un tel projet pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Les mangroves agissent comme des nurseries pour de nombreuses espèces maritimes et comme des barrières naturelles contre l’érosion.
La fragilité de cet habitat est exacerbé par les risques de dégradation associés à l’extraction d’agrégats. Ces activités perturbent les cycles naturels, affectant la faune et la flore locales. De plus, la destruction des mangroves pourrait accroître les émissions de carbone, aggravant le changement climatique. Les dangers liés à la biodiversité et à la qualité de l’eau suscitent également des préoccupations. La déforestation des mangroves peut entraîner une pollution accrue des eaux côtières.
La loi nᵒ 007/2014 et l’arrêté nᵒ 035/2020 exigent une Étude d’impact environnemental (EIE) préalable pour tout projet de cette nature. Pourtant, cette obligation semble avoir été reléguée au second plan, soulevant des interrogations sur la transparence des autorités gabonaises. Une EIE rigoureuse est donc indispensable pour évaluer les impacts potentiels et prendre des décisions éclairées.
Risques pour l’approvisionnement en eau et la sécurité
Un autre aspect préoccupant du projet réside dans la proximité d’une conduite d’eau DN800, essentielle pour l’approvisionnement d’une grande partie du nord de Libreville. En cas de rupture de cette conduite, causée par les travaux d’extraction, des inondations catastrophiques pourraient se produire. De plus, des milliers de foyers pourraient se retrouver privés d’eau potable, une situation d’autant plus alarmante dans un contexte où l’accès à cette ressource est déjà difficile pour de nombreuses communautés.
Les conséquences d’une telle rupture ne se limitent pas à l’approvisionnement en eau. Des tensions sociales pourraient en émerger, aggravant les inégalités et provoquant des conflits entre les riverains et les autorités. La gestion de l’eau est un enjeu crucial pour le développement durable. La mise en péril de cette ressource vitale soulève des questions éthiques quant aux priorités des décideurs.
La proximité de l’aéroport international Léon Mba pose, quant à elle, des risques supplémentaires pour la sécurité aérienne. Les travaux d’extraction et de transport des agrégats pourraient entraîner des nuisances sonores et des accidents, menaçant ainsi la sûreté des opérations aériennes. Les experts se demandent si les autorités peuvent réellement garantir la sécurité des infrastructures critiques tout en poursuivant un projet aussi controversé.
Appel à la protection des mangroves et des infrastructures
Face à ces préoccupations, Louis Léandre Ebobola Tsibah appelle à réévaluer le projet de parc d’agrégats. Il propose de suspendre les opérations jusqu’à l’achèvement d’une EIE complète, afin de garantir que les décisions soient fondées sur des données scientifiques solides. En outre, il suggère de relocation du projet vers un site moins sensible, tel que Cap Caravane, pour minimiser les impacts environnementaux et sécuritaires.
La protection des mangroves et des infrastructures essentielles est un enjeu collectif qui nécessite l’implication de tous les acteurs concernés. Les autorités doivent faire preuve de cohérence en appliquant les lois existantes et en assurant la sécurité des populations. Préserver ces écosystèmes n’est pas qu’une question de conformité légale, c’est aussi une responsabilité envers les générations futures.
En somme, le projet de parc d’agrégats dans les mangroves de Libreville soulève des questions essentielles sur l’équilibre entre développement économique et protection de l’environnement. Les décisions d’aujourd’hui auront des répercussions à long terme sur la biodiversité, la sécurité des infrastructures et le bien-être des communautés locales. Comment les autorités vont-elles répondre à ces défis ? Les voix des citoyens seront-elles entendues dans ce processus décisionnel ? Ces interrogations méritent d’être débattues pour assurer un avenir durable pour tous.
