Référendum constitutionnel en Guinée : enjeux et perspectives

Contexte historique et politique
La Guinée, située en Afrique de l’Ouest, fait face à une crise politique prolongée. Le coup d’État de septembre 2021, dirigé par le général Mamadi Doumbouya, a destitué le président Alpha Condé, plongeant le pays dans une période d’incertitudes et de turbulences. Malgré les promesses de la junte militaire de revenir à l’ordre constitutionnel, le scepticisme demeure. Le référendum constitutionnel, prévu pour le 21 septembre 2025, est présenté comme une étape décisive, mais sa légitimité suscite de nombreuses interrogations.
La nouvelle Constitution, qui conserve certains éléments des textes précédents, propose des modifications notables. Parmi elles, la création d’un Sénat et d’une Cour spéciale de justice. Cependant, la disposition de l’article 74, qui garantit une immunité aux anciens présidents, provoque des inquiétudes, en particulier pour Alpha Condé, actuellement en exil. Cette clause est perçue par certains comme une tentative de protéger l’ancien pouvoir d’éventuelles poursuites judiciaires, exacerbant les tensions politiques et alimentant les accusations de manipulation de la part de l’opposition.
Les critiques émanant de l’opposition, notamment de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), mettent en lumière des restrictions sur la liberté d’expression et des entraves aux partis politiques. Ces préoccupations jettent une ombre sur la transparence et la crédibilité du référendum, souvent décrit comme une « mascarade » visant à légitimer le pouvoir de la junte.

Les acteurs politiques et leurs positions
Le paysage politique guinéen est divisé. D’un côté, Mamadi Doumbouya, président de la transition, soutenu par la junte, appelle à voter « Oui » pour ratifier la nouvelle Constitution. De l’autre, des figures d’opposition comme Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, incitent au boycott, dénonçant un processus jugé partisan et une absence de dialogue inclusif. Cette polarisation fragilise les perspectives de consensus national.
Les Forces vives, un ensemble de leaders de l’opposition, critiquent le manque d’invitation à débattre autour du projet constitutionnel. Ils dénoncent le rôle de la Haute Autorité de communication, qui a restreint les échanges sur ce sujet crucial. Dans cette atmosphère tendue, le référendum représente un test pour la junte, mais également pour l’opposition, désireuse de mobiliser ses partisans dans un contexte répressif.
Ce référendum pourrait avoir des implications politiques majeures. Un résultat positif pour le « Oui » renforcerait le pouvoir de Doumbouya, retardant le retour à un gouvernement civil. À l’inverse, un rejet affaiblirait la junte, ouvrant la porte à d’éventuelles négociations pour un retour à la civilité, à condition que l’opposition réussisse à s’organiser efficacement.

Perspectives pour un retour à un régime civil
Le référendum constitutionnel est envisagé comme un pas vers des élections et un retour à un régime civil. Pourtant, la situation actuelle soulève des doutes sur la faisabilité de cette transition. La répression des voix dissidentes, la fermeture de médias indépendants et les intimidations à l’encontre des électeurs compliquent la donne. Les promesses de Doumbouya de ne pas se présenter à l’élection future sont remises en question, alimentant la crainte d’un maintien des militaires sous une forme plus civilisée.
Certains électeurs, comme Mamadou, aspirent à un changement et mettent en avant la nécessité de mettre fin à la transition militaire. D’autres, tel qu’Amadou, soutiennent l’appel au boycott, illustrant la méfiance envers le processus électoral. Les résultats du référendum pourraient ainsi avoir un impact durable sur l’avenir politique du pays, selon la capacité des acteurs à naviguer dans ce contexte délicat.
En somme, le référendum constitutionnel en Guinée pourrait être déterminant pour le retour à un régime civil. Les tensions entre le gouvernement et l’opposition, ainsi que les préoccupations sur la transparence et l’inclusion du processus, posent des questions essentielles sur l’avenir démocratique du pays. La Guinée se trouve à un carrefour critique, et les décisions prises lors de ce référendum pourraient façonner son destin pour les années à venir.


