Évolution du Système Éducatif au Gabon
Rénovations et Modernisation : Un Pas en Avant
Le Gabon, depuis quelques années, se lance dans une aventure ambitieux pour moderniser son système éducatif. Le 21 août 2025, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a inauguré plusieurs infrastructures, y compris le collège d’enseignement secondaire d’Onga. Cette structure moderne, avec ses salles de classe modernes et ses logements pour enseignants, symbolise un changement positif. C’est une volonté manifeste d’améliorer les conditions d’apprentissage et de répondre aux exigences d’un système en pleine mutation.
Les écoles communales, dont les rénovations approchent les 95 %, parlent d’elles-mêmes. L’objectif : offrir des environnements d’apprentissage optimaux et lutter contre l’obsolescence des infrastructures scolaires. La réception de 42 000 tables-bancs pour accueillir 49 000 nouveaux élèves de 6ème illustre encore davantage la nécessité d’ajuster les ressources matérielles face à une population scolaire croissante.
Ces initiatives sont cruciales pour garantir un accès équitable à l’éducation. Toutefois, elles ne suffisent pas. La modernisation de l’éducation doit aussi impliquer une réflexion sur les méthodes pédagogiques et les contenus d’enseignement. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra préparer les élèves aux défis contemporains du marché du travail et répondre aux attentes sociétales.
Défis Persistants : Une Réalité Complexe
Malgré ces avancées, le système éducatif gabonais est confronté à des défis majeurs. La Fédération syndicale des enseignants de l’éducation nationale (FESEENA) soulève des préoccupations croissantes concernant la régularisation des situations administratives des enseignants, stagnantes depuis plus de dix ans. Ce gel crée un climat d’insatisfaction parmi le personnel éducatif, menaçant de mettre fin à la trêve tacite instaurée depuis le début de la Transition.
Les enseignants réclament non seulement une revalorisation salariale, mais aussi des solutions pour le logement, des éléments essentiels pour maintenir la motivation dans le secteur éducatif. De plus, la mise en œuvre prématurée de l’Approche par compétences (APC) dans l’enseignement secondaire suscite des critiques de la FESEENA, qui souligne le manque de concertation et de matériel didactique adéquat. Une telle hâte pourrait compromettre la qualité de l’enseignement et l’efficacité des réformes.
Les inquiétudes grandissent également concernant l’orientation des bacheliers et la gestion des effectifs dans les universités déjà surchargées. La décision de restreindre l’orientation des bacheliers des séries générales vers le secteur privé pourrait engendrer des tensions supplémentaires, aggravant les défis d’infrastructure et de ressources humaines dans les établissements d’enseignement supérieur.
Vers une Éducation Inclusive et Équitable
Pour surmonter ces défis, il est crucial que le gouvernement gabonais adopte une approche globale. Cela signifie intégrer des réformes structurelles tout en accompagnant enseignant(e)s et élèves. L’intégration d’indicateurs de santé et de bien-être dans le Système d’Information pour la Gestion de l’Éducation (SIGE) est un pas en avant, permettant de mieux cerner les conditions d’apprentissage et d’identifier les facteurs influençant le bien-être des élèves.
Une telle approche tisse un lien entre les inégalités d’apprentissage et les politiques éducatives plus inclusives. En croisant données pédagogiques et indicateurs sanitaires, comme l’hygiène ou l’accès à l’eau, les autorités éducatives peuvent mieux cibler les interventions nécessaires à l’amélioration des conditions d’apprentissage.
Enfin, l’implication des parents et des communautés est essentielle. Lors d’une rencontre avec des parents d’élèves, la ministre de l’Éducation, Camélia Ntoutoume-Leclercq, a souligné leur soutien crucial pour appliquer les réformes. Cette collaboration renforce la confiance dans le système éducatif et crée un environnement propice à la réussite.
Alors que le Gabon s’efforce de moderniser son système éducatif, la question demeure : comment allier les ambitions de réforme aux réalités du terrain ? Les défis persistants, qu’ils soient structurels, administratifs ou pédagogiques, exigent une attention soutenue et une volonté politique forte. Les réformes en cours suffisent-elles à répondre aux besoins d’une population scolaire en constante évolution ?
