Alors que le fracas des armes continue de hanter les collines du Nord-Kivu, une silhouette autrefois omniprésente sur la scène politique congolaise refait surface. Depuis quelques jours, l’ancien président Joseph Kabila Kabange séjourne discrètement mais activement dans la ville de Goma. S’il n’a pas encore fait de déclaration officielle, ses gestes, ses rencontres, ses déplacements et les murmures dans les couloirs du pouvoir local témoignent d’une volonté claire : jouer les médiateurs dans une région à bout de souffle.

Dans une ambiance pesante, faite d’incertitude et de tension croissante entre les forces loyalistes et les groupes armés, Kabila multiplie les audiences. Chefs coutumiers, notables locaux, représentants de la société civile, anciens officiers, émissaires de la sous-région… Tous ont été conviés, écoutés, sondés.
« Il ne parle pas pour rien dire, mais quand il écoute, c’est pour agir », confie sous couvert d’anonymat un ancien commandant fidèle au régime kabiliste, propos recueillis par AfricaCœurNews.

Ce retour de l’homme de Kingakati ne passe pas inaperçu. Dans un contexte où l’autorité centrale semble piétiner, où le discours belliqueux l’emporte sur la volonté de dialogue, l’activisme silencieux de Kabila fait figure de contraste saisissant. Beaucoup y voient un message subliminal adressé à Kinshasa : la paix ne viendra ni par l’orgueil, ni par les armes, mais par la parole et la compréhension.
Pendant ce temps, le pouvoir en place reste sur une ligne dure. Aucun geste significatif, aucune main tendue, aucune initiative claire visant à apaiser les tensions n’a encore été observée. Le discours officiel se contente de dénoncer des « infiltrations », d’accuser le Rwanda, et de promettre des offensives militaires dont les populations locales peinent à voir les résultats sur le terrain.

Mais au cœur de Goma, entre deux réunions feutrées et sous les regards inquiets d’une population épuisée par les années de guerre, Kabila semble vouloir écrire une autre partition. Celle d’un homme qui, malgré les critiques sur son passé, tente aujourd’hui de réconcilier un pays avec lui-même. Un pari risqué, dans un climat de méfiance généralisée, mais qui redonne, ne serait-ce qu’un instant, l’espoir d’un dialogue possible.
Reste à savoir si le gouvernement central entendra cet appel silencieux, ou s’il s’obstinera dans une posture de fermeture, au risque de laisser le chaos s’installer durablement dans l’Est du pays. La paix, elle, n’attendra pas éternellement.


