Comme un symbole ! Le 3 mai dernier, à Libreville, le général Mamadi Doumbouya recevait une « torche indigène » des mains de son homologue gabonais, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, dans un geste hautement symbolique. Une passation de flambeau entre deux artisans de transitions militaires africaines, deux chefs d’État portés par l’Histoire, deux figures aux parcours similaires, aux destins désormais liés par l’exigence d’un retour à l’ordre constitutionnel.

Ce lundi 13 mai, c’est à Abidjan, dans le cadre prestigieux de l’Africa CEO Forum, que la transition guinéenne vient de franchir une étape décisive. Le Premier ministre Amadou Bah Oury, visage civil de la transition, a levé le voile : la Guinée ira aux urnes en décembre 2025. Présidentielle et législatives. En amont, un référendum constitutionnel sera organisé le 21 septembre 2025. L’annonce a été faite devant un parterre d’investisseurs et de décideurs africains et internationaux.

« La Guinée est engagée dans une œuvre de refondation inédite. Le retour à la démocratie ne sera pas un slogan, mais une réalité bâtie sur des fondations solides », a martelé le chef du gouvernement guinéen, avec assurance et gravité.
Au cœur de cette architecture républicaine en construction : l’enrôlement citoyen. Une vaste opération d’identification est en cours pour inscrire chaque Guinéen dans le registre de l’état civil et, pour les électeurs, dans le fichier électoral. Une première dans un pays longtemps meurtri par l’opacité des processus électoraux. Pour Bah Oury, il s’agit de « poser les jalons d’une gouvernance rationnelle et durable, loin des improvisations du passé ».

Le général Doumbouya, resté en retrait mais omniprésent dans les esprits, avait d’ailleurs donné le ton dès ses vœux du 31 décembre dernier : « 2025 sera une année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel. » Promesse tenue ? En apparence, oui. Mais la réalité du terrain reste scrutée par une société civile vigilante et une communauté internationale exigeante.

Entre scepticisme résiduel et espoir renouvelé, la Guinée avance. Les signaux sont là. Et si Libreville a ouvert la voie, Conakry semble vouloir la suivre avec méthode.
La démocratie, en Afrique de l’Ouest, ne renaît pas toujours dans l’euphorie. Parfois, elle se fraie un chemin dans le silence des chantiers administratifs, dans le calme des forums économiques, et dans la solennité des engagements internationaux.
À Doumbouya désormais de tenir le cap. https://www.bbc.com/afrique/articles/ce8y4z8rj4no


