Libreville, 9h – Par notre analyste politique
Ce 12 avril 2025 restera gravé dans les annales de la République gabonaise. À l’heure où le soleil se lève sur Libreville et les autres provinces, les Gabonais, dans une ferveur démocratique rarement observée depuis l’indépendance, se pressent aux urnes pour élire celui qui portera les espoirs de la Cinquième République, désormais affranchie du long héritage de la dynastie Bongo Ondimba.

Il est actuellement presque 10h , l’ambiance est calme, disciplinée, mais chargée d’émotion. Le peuple gabonais, longtemps témoin et parfois victime des vicissitudes politiques, semble aujourd’hui investi d’une mission collective : tourner la page d’un demi-siècle d’héritage politique pour écrire une nouvelle histoire.

Certes, l’organisation du scrutin n’a pas échappé aux critiques – minimes mais vocales – de certaines franges de l’opposition et de la société civile. Le rejet de la candidature de l’un des aspirants pour irrégularités administratives a été brandi comme preuve d’un processus vicié. Mais à y regarder de plus près, les signaux envoyés par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le Président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, sont ceux d’une volonté affichée d’apaisement, de transparence et de rupture avec les pratiques du passé.

Les accusations précoces de manipulation ou de dérives, lancées notamment par des soutiens d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, principal challenger d’Oligui Nguema, peinent pour l’instant à trouver écho dans les faits observés sur le terrain. À Libreville, comme à Franceville, Lambaréné ou encore Oyem, les bureaux de vote ont ouvert dans le calme, les files d’attente sont longues, les électeurs patients, les visages concentrés.

Il est important de souligner que pour la première fois depuis longtemps, l’élection présidentielle gabonaise se tient sans que les dés ne semblent pipés d’avance. Le CTRI, malgré ses origines militaires, a su donner des gages de bonne foi, notamment en mettant en place un mécanisme d’observation nationale et internationale crédible.
Dès 7 heures, les centres de vote ne désemplissent pas. Certains automobilistes doivent se garer loin des lieux de vote, faute de places disponibles, un signe tangible d’un engouement populaire massif. Ce regain de civisme électoral témoigne d’une soif de changement, mais aussi d’un peuple prêt à assumer son destin.
À cet instant crucial, une chose est sûre : l’Afrique observe, le Gabon choisit, et l’histoire s’écrit.
Nous y reviendrons.