Kinshasa, 8 mars 2025 – Alors que les combats font rage dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), une vérité crue s’impose : la guerre imposée par Kigali dépasse les seuls enjeux géopolitiques et sécuritaires. Au cœur de cette crise, un nerf de la guerre stratégique – le coltan. Comme l’a récemment souligné Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur de France à Kinshasa, « rien que la prise de la mine de Rubaya permet de contrôler 20 % de la production mondiale de coltan ». Une déclaration qui en dit long sur les véritables motivations de l’agression rwandaise et sur l’avidité qui l’alimente.
Rubaya, un enjeu de pouvoir et d’influence mondiale
Située dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, la mine de Rubaya est un gisement stratégique dont l’exploitation conditionne l’industrie technologique mondiale. Le coltan, ce minerai rare et précieux, est un composant essentiel des condensateurs utilisés dans nos smartphones, ordinateurs, et équipements militaires. Son contrôle confère un pouvoir économique incommensurable, attisant ainsi toutes les convoitises.
Depuis des décennies, le Rwanda est régulièrement accusé d’exploiter illégalement les ressources de l’est de la RDC, sous couvert d’une guerre prétendument motivée par la sécurité nationale. Mais au-delà des discours diplomatiques, la réalité est tout autre. En s’emparant de Rubaya, Kigali ne cherche pas seulement à affaiblir Kinshasa, mais surtout à s’imposer comme un acteur incontournable sur le marché des minerais stratégiques, en contrôlant une part significative de la production mondiale.
Le M23, bras armé d’une guerre économique
Le mouvement rebelle du M23, soutenu par le Rwanda selon de nombreux rapports des Nations unies, mène une offensive ciblée visant les zones minières stratégiques. En 2022, déjà, des incursions avaient été signalées autour de Rubaya. Aujourd’hui, la situation semble encore plus critique. Derrière les combats et les discours belliqueux, se cache une lutte féroce pour l’accès aux minerais qui alimentent les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les experts sont formels : la prise de Rubaya pourrait offrir à Kigali un levier économique majeur sur le marché du coltan, renforçant ainsi l’influence rwandaise dans le secteur minier international. Ce n’est donc pas un hasard si les offensives du M23 ciblent systématiquement les territoires riches en ressources naturelles.
L’inertie internationale, un silence complice ?
Face à cette guerre économique déguisée en conflit sécuritaire, la communauté internationale brille par son silence. Les grandes puissances, largement dépendantes des minerais de la région, hésitent à condamner fermement Kigali, préférant préserver leurs intérêts économiques. Pendant ce temps, la population congolaise paie un tribut lourd, subissant massacres, déplacements forcés et précarisation extrême.
L’heure est grave. L’agression rwandaise ne peut plus être réduite à un simple différend régional. C’est une guerre pour le contrôle des ressources stratégiques du XXIe siècle, menée sous les yeux d’un monde qui feint de ne rien voir. Le Congo, pourtant l’un des pays les plus riches en ressources naturelles, continue d’être pillé au profit d’intérêts étrangers. Jusqu’à quand ?
Si la mine de Rubaya tombe, c’est une partie du destin technologique mondial qui basculera entre les mains d’un seul acteur. Et ce jour-là, peut-être que ceux qui détournent aujourd’hui le regard comprendront enfin l’ampleur du drame congolais.
