Une arrivée à un moment clé de l’histoire gabonaise
En poste depuis octobre 2024, l’ambassadeur de France au Gabon, Fabrice Mauriès, estime avoir entamé sa mission à un moment charnière. Arrivé dans un contexte de transition politique majeure, il dit avoir trouvé une équipe engagée à l’ambassade, avec laquelle il œuvre à reconstruire une relation franco-gabonaise fondée sur la confiance, l’écoute et l’intérêt mutuel. Il avoue toutefois ne pas encore avoir exploré pleinement la richesse du pays.
Une transition saluée par la France
Interrogé sur sa lecture de la transition gabonaise, l’ambassadeur s’est montré très positif. Il a rappelé que la France, dès le 30 août 2023, avait soutenu les efforts du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) dirigé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, notamment dans la perspective d’un retour à l’ordre institutionnel. Pour lui, ce processus a été pacifique, inclusif et reconnu progressivement par la communauté internationale, comme en atteste la réintégration du Gabon dans l’Union africaine.
Une mise au point sur les événements du 30 août
Fabrice Mauriès est catégorique : « Nous n’avons joué aucun rôle direct ou indirect, de près ou de loin » dans les événements du 30 août 2023. Il écarte ainsi toute hypothèse d’ingérence française dans ce qui est perçu par certains comme un « coup de libération ».
Pas de sentiment anti-français perceptible
Contrairement aux situations observées au Sahel, l’ambassadeur n’a pas constaté de rejet notable de la France au Gabon. Il évoque des échanges respectueux avec les étudiants, les enseignants et la société civile. Toutefois, il reconnaît que certaines critiques à l’encontre de la politique française en Afrique peuvent exister, mais les qualifie de marginales et souvent partagées par des Français eux-mêmes.
Démocratie : éviter les jugements prématurés
À propos des débats sur une supposée « monarchisation » du pouvoir au Gabon, Fabrice Mauriès reste prudent. Il rappelle que la démocratie ne s’oppose pas toujours à la monarchie des exemples européens en témoignent et que chaque pays a le droit de forger son propre modèle constitutionnel. Il insiste sur l’importance d’observer non seulement la structure des institutions mais également leur fonctionnement, notamment en matière de libertés publiques et de participation politique.
Perte d’influence économique ? Une opportunité de réinvention
Face à la montée en puissance de la Chine et de l’Inde, l’ambassadeur se veut réaliste mais serein. Il considère la diversité des partenariats comme une chance pour le Gabon. Il affirme que la France reste un acteur majeur dans plusieurs secteurs économiques comme le pétrole, le bois, les mines, les infrastructures, et entend faire encore mieux, notamment en matière de services publics et de maintenance.
Vers un regain d’intérêt français pour certains secteurs
Sans chercher à dicter les choix des entreprises françaises, l’ambassadeur souhaite créer un climat de confiance pour encourager leur retour, notamment dans les travaux publics. Il reconnaît que certaines entreprises ont souffert de l’instabilité du passé, mais affirme que les nouvelles conditions au Gabon sont plus favorables à l’investissement.
Visas : un taux d’acceptation élevé
Sur la question sensible des visas, Fabrice Mauriès précise que 80 % des demandes de court séjour ont été acceptées en 2024. Il appelle les demandeurs gabonais à bien constituer leurs dossiers pour maintenir cette dynamique positive. Il insiste sur les efforts du consulat pour améliorer les délais et l’accueil.
Un partenariat à renforcer sur tous les fronts
En guise de conclusion, l’ambassadeur regrette de ne pas avoir pu aborder d’autres domaines clés de la coopération franco-gabonaise tels que la culture, la sécurité, l’environnement ou le renseignement. Il rappelle néanmoins que le socle de cette relation reste une amitié ancienne, des liens humains solides et une volonté commune de bâtir un partenariat équilibré, où chacun apporte à l’autre.


