Dans l’élégante sobriété de sa résidence d’Angondjé, au nord de Libreville, l’air est empreint de fatigue mais le ton, lui, n’a rien perdu de sa netteté. Deux jours après l’élection présidentielle du 12 avril, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et désormais challenger arrivé en deuxième position, sort du silence face à l’équipe de jeune Afrique. Et il le fait avec la verve qu’on lui connaît, assumant sans détour sa défaite, mais surtout sa volonté d’incarner l’opposition au régime du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema.
« Je n’ai passé aucun deal avec Brice Clotaire Oligui Nguema », claque-t-il d’entrée de jeu, comme pour faire taire toute rumeur ou lecture biaisée du scrutin. « Je me suis présenté avec sincérité, et j’ai défendu une vision. Le peuple a fait un autre choix, je le respecte. Mais je ne me tairai pas », prévient-il.
Un nouveau rôle : celui de l’opposant principal
À 57 ans, le natif de Makokou, fort d’un riche parcours dans les arcanes du pouvoir, change de posture mais pas de cap : il restera une voix forte dans la vie politique gabonaise. « Mon combat continue. Il sera différent, mais il restera politique. Mon mouvement ne disparaît pas. Il s’affirme », martèle-t-il.
Loin des joutes électorales, Bilie-By-Nze se projette déjà. « 2025, c’est demain », glisse-t-il, entre deux traits d’esprit. Il ne cache pas son ambition d’organiser son camp, de structurer l’opposition et, surtout, d’incarner une alternative crédible dans un paysage politique bousculé par la transition en cours.
Des rapports distants avec la famille Bongo
À ceux qui l’accusent d’avoir joué un rôle trouble entre l’ancien régime et la nouvelle transition, l’ex-Premier ministre rétorque avec assurance. « Je n’ai de comptes à rendre qu’au peuple gabonais. Ma loyauté, elle est à la République, pas à des dynasties. » L’homme n’élude pas ses années au service d’Ali Bongo, mais il refuse d’être enfermé dans le passé. « Les temps changent. Et moi aussi. »
Une opposition de principes, pas de ressentiments
Dans cette période où le Gabon tente d’écrire une nouvelle page de son histoire, Bilie-By-Nze promet d’être un opposant exigeant mais responsable. « Je ne serai pas un opposant de circonstance, ni un perturbateur. Je serai un gardien. Celui des principes républicains, des libertés et de l’État de droit. »
Au fil de l’échange, une certitude émerge : l’homme n’a pas l’intention de disparaître du radar. La bataille électorale est certes derrière lui, mais la lutte pour une autre vision du Gabon, elle, ne fait que commencer.
Analyse :
Avec cette déclaration forte, Bilie-By-Nze se positionne comme un acteur central du jeu politique post-transition. Ni rallié, ni résigné, il incarne une opposition nouvelle génération : articulée, stratégique, et connectée aux aspirations d’une partie de la société gabonaise. En refusant tout compromis, il redonne du sens à la parole politique.
